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je avec horreur. Ô apprenti corrompu d’hier ! parce que tu pleures, tu te crois innocent ? Ce que tu prends pour le témoignage de ta conscience, ce n’est peut-être que du remords ? et quel meurtrier n’en éprouve pas ? Si ta vertu te crie qu’elle souffre, qui te dit que ce n’est pas parce qu’elle se sent mourir ? Ô misérables ! ces voix lointaines que tu entends gémir dans ton cœur, tu crois que ce sont des sanglots ; ce n’est peut-être que le cri de la mouette, l’oiseau funèbre des tempêtes, que le naufrage appelle à lui. Qui t’a jamais raconté l’enfance de ceux qui meurent couverts de sang ? Ils ont aussi été bons à leurs jours ; ils posent aussi leurs mains sur leur visage pour s’en souvenir quelquefois. Tu fais le mal et tu te repens ? Néron aussi, quand il tua sa mère. Qui donc t’a dit que les pleurs nous lavaient ?

« Et quand bien même il en serait ainsi, quand il serait vrai qu’une part de ton âme n’appartiendra