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notre départ, l’intermédiaire entre Brigitte et sa famille, et d’empêcher une rupture éclatante. L’estime qu’on avait pour lui dans le pays ne devait pas être de peu d’importance dans cette négociation, et je ne pouvais m’empêcher de lui en savoir gré. C’était le plus noble caractère : quand nous étions tous trois ensemble, s’il apercevait quelque froideur ou quelque contrainte, je le voyais faire tous ses efforts pour ramener la gaîté entre nous ; s’il semblait inquiet de ce qui se passait, c’était toujours sans indiscrétion et de manière à faire comprendre qu’il eût souhaité de nous voir heureux ; s’il parlait de notre liaison, c’était pour ainsi dire avec respect, et comme un homme pour qui l’amour est un lien sacré devant Dieu ; enfin c’était une sorte d’ami, et il m’inspirait une entière confiance.

Mais, malgré tout et en dépit de ses efforts mêmes, il était triste, et je ne pouvais vaincre d’étranges pensées qui me saisissaient.