yeux rouges d’un méchant procès qu’ils ont perdu. Tu fais le petit enfant prodigue, tu badines avec la souffrance ; tu trouves du laisser-aller à accomplir à coups d’épingle un meurtre de boudoir. Que diras-tu au Dieu vivant lorsque ton œuvre sera achevée ? Où s’en va la femme qui t’aime ? Où glisses-tu, où tombes-tu, pendant qu’elle s’appuie sur toi ? De quel visage enseveliras-tu un jour ta pâle et misérable amante, comme elle vient d’ensevelir le dernier être qui la protégeait ? Oui, oui, sans aucun doute, tu l’enseveliras ; car ton amour la tue et la consume ; tu l’as vouée à tes furies, et c’est elle qui les apaise. Si tu suis cette femme, elle mourra par toi. Prends garde ! son bon ange hésite, il est venu frapper ce coup dans cette maison pour en chasser une passion fatale et honteuse ; il a inspiré à Brigitte cette pensée de son départ ; il lui donne peut-être en ce moment à l’oreille son dernier avertissement.
Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/140
Cette page n’a pas encore été corrigée
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/ac/Musset_-_La_Confession_d%E2%80%99un_enfant_du_si%C3%A8cle%2C_vol._II%2C_1836.djvu/page140-1024px-Musset_-_La_Confession_d%E2%80%99un_enfant_du_si%C3%A8cle%2C_vol._II%2C_1836.djvu.jpg)