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Lœve-Veimars, dans le journal le Temps, eut le courage de reprocher au parterre de l’Odéon la brutalité de sa conduite. Le jeune auteur lui devait des remerciements. Pendant sa visite à Lœve-Veimars, il fut présenté à Jacques Coste, directeur du Temps. Celui-ci, pour faire un essai, demanda quelques articles de fantaisie à l’auteur des Contes d’Espagne, en lui laissant carte blanche. Du 10 janvier jusqu’à la fin de mai 1831, parut assez régulièrement, chaque lundi, une série d’articles sans signature, sous le titre de Revue fantastique, où Alfred traita divers sujets de circonstance. Tous furent plus ou moins remarqués. Celui de Pantagruel, roi constitutionnel, eut même un grand succès d’à-propos[1]. Mais, tout modeste qu’il était, le poète avait trop d’indépendance pour s’accommoder longtemps d’une servitude quelconque. Il s’ennuya du journalisme et ses Revues cessèrent bientôt de paraître.

Sous le prétexte d’acquérir de l’expérience, il menait, d’ailleurs, une vie assez dissipée. Les jeunes gens à la mode se réunissaient le soir au Café de Paris. On y organisait des parties de plaisir sur une grande échelle. Tout à coup on partait en voitures de poste, à minuit, pour Enghien ou pour Morfontaine ; on imaginait des paris extravagants, dont le

  1. Tous ces articles se trouvent dans le tome IX de cette édition, sauf deux ou trois qu’il a été impossible de retrouver.