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DES VIVANTS


Quand nous les avons vus, ces soldats et ces chefs
Qu’attendait le grand vide éblouissant de l’Arche,
Dérouler au soleil leur libre fresque en marche,
Près du fixe et profond dessin des bas-reliefs ;

Le marin possédant Paris comme une nef,
Le vieux zouave portant barbe de patriarche,
Le mutilé qui fier de sa béquille, marche,
L’émir au fin cheval dont sonne le trot bref ;

Quand nous les avons vus dans les Champs-Elysées,
Nos fantassins, foulant des roses écrasées,
Présenter nos drapeaux meurtris… ce fut vraiment

Comme si notre Rêve épousait notre Histoire,
Comme si nous baisions enfin, à ce moment,
Sur sa bouche brûlante et pure, la Victoire !

14 juillet 1919.