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ne put entamer les masses anglaises, et bientôt elle dut elle-même reculer devant une charge impétueuse de la division des gardes anglaises et deux brigades de cavalerie arrivées au dernier moment sur le terrain. C’est alors qu’on a pu regretter ce mouvement imprudent auquel avait été entraînée la brigade de carabiniers ; lorsque le mouvement lui fut ordonné, elle se trouvait précisément sur le point où la cavalerie anglaise, ayant pénétré entre la Haie-Sainte et le corps du maréchal Reille, vint déboucher. Il est probable que cette brigade, jointe aux escadrons de service de la Garde, aurait suffi pour arrêter l’effort de la cavalerie anglaise, et par là eût protégé la retraite de l’unique réserve de l’armée. Les quatre escadrons de service ayant été culbutés, rien ne put arrêter la déroute du reste de l’armée. — Toute l’armée anglo-hollandaise fit alors un mouvement en avant ; aussitôt le désordre fut à son comble parmi les troupes françaises : des corps ne se reconnaissant pas et se croyant ennemis, tirèrent les uns sur les autres. Les huit bataillons de la Garde, qui étaient au centre, tirèrent jusqu’à la dernière extrémité. L’Empereur courut à la gauche de Planchenoit, où restait en réserve un régiment de la Garde et deux batteries ; il essaya encore là de rallier les fuyards ; voyant ses efforts inutiles, il parut un moment s’abandonner au désespoir, et comme les Prussiens, reprenant l’offensive, arrivaient de toutes parts à cette position, il fit former ses grenadiers en carré et voulait attendre la mort au milieu d’eux : « Ah ! Sire, lui dit le maréchal Soult, les ennemis sont déjà assez heureux ; » et il poussa son cheval sur la route de Charleroi. — À ce moment tout était fini ; la nuit survint, il fut impossible d’établir de l’ordre parmi les fuyards : ce ne fut plus qu’une confusion, une déroute épouvantable, sans remède, mais telle qu’elle devait être après une bataille dans laquelle tout, jusqu’au dernier bataillon, avait été engagé. Tout le monde, en fuyant, se dirigea vers le pont de Genappe, bien qu’il y en eût plusieurs autres dans les environs ; en un moment il fut encombré, ainsi que le village. Tout ce qu’on avait sauvé d’artillerie fut à peu près abandonné dans cet endroit. — Examen fait à une époque reculée, on trouva cependant que, dans les journées de Ligny et de Waterloo, l’armée française n’avait perdu que 37.000 hommes morts ou prisonniers, tandis que la perte des ennemis s’est élevée à 58.000 hommes. Parmi les prisonniers français se trouvaient les généraux comte de Lobau, Cambronne et Duhesme ; parmi les morts, le général Girard, blessé mortellement à Ligny, et sur le champ de bataille de Waterloo le général Devans, qui commandait l’artillerie de la garde. Le général Duhesme fut assassiné quelques jours après dans une auberge de Genappe par les soldats prussiens. — Les armées coalisées comptèrent parmi leurs morts, dans ces deux journées, le duc de Brunswick-Oels et le lieutenant-général sir Thomas Picton ; et parmi leurs blessés, le prince héréditaire des Pays-Bas, grièvement atteint au bras ; le lieutenant-général Charles-Alten, le lieutenant-général comte Uxbridge, qui subit l’amputation de la jambe gauche, et six majors généraux.

WILLAUMEZ (Jean-Baptiste Philibert)

vice-amiral, né à Belle-lsle-en-Mer le 7 août 1763.

Son père était capitaine d’artillerie. Il s’embarqua comme mousse à l’âge de 14 ans ; en 1792, il était second pilote de l’Amazone, commandée par La Pérouse. Il prit part sur cette frégate aux combats des 9 et 12 avril contre l’amiral Rodney, et à celui du 29 juillet, où il reçut deux blessures