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lui avait représentée comme ayant élé victorieuse à Liguy. — Vingt-quatre pièces d’artillerie à cheval mitraillaient la cavalerie anglaise en retraite, la suivant de position en position. À six heures, et demie du soir, l’avant-garde arriva au village de Planchenoit, vis-à-vis le débouché de la forêt de Soignes. Elle eut à essuyer le feu d’une batterie de quinze à vingt pièces de canons. Pour imposer aux Anglais, qu’on jugea avoir là une forte arrière-garde, l’Empereur fil déployer les cuirassiers du corps du général Milhaud avec l’artillerie à cheval. Cette manœuvre en fit faire une autre par l’ennemi. On comprit alors que c’était à toute l’armée anglo-hollandaise qu’on avait affaire. Une bataille devenait dès lors inévitable. L’Empereur fit établir les bivouacs de ses troupes et plaça son quartier général à une ferme appelée la ferme du Coillou.— À dix heures du soir il envoya un officier d’ordonnance au maréchal Grouchy pour lui faire savoir qu’il comptait livrer bataille le lendemain, lui donner une idée de la position occupée par l’armée anglo-hollandaise, et d’après cette supposition que le maréchal Blücher aurait fait sa retraite sur Liège, qu’il se serait retiré sur Bruxelles, ou qu’enfin il resterait en position à Wavres, lui ordonna de manœuvrer dans tous les cas par Saint-Lambert, pour déborder la gauche de l’armée anglo-hollandaise, et venir se joindre avec la droite de l’armée française ; en y ajoutant cette observation seulement, que dans les deux premiers cas établis par la supposition, le maréchal Grouchy devrait exécuter ce mouvement avec la majorité de ses forces, tandis que dans le troisième, il ne le ferait qu’avec un détachement plus ou moins fort, suivant les circonstances particulières où il se trouverait. Malheureusement le maréchal Grouchy commettait, à la droite de l’armée, positivement la même faute que le maréchal Ney avait commise à la gauche pendant la journée du 16. Grouchy avait été chargé de poursuivre les Prussiens, l’épée dans les reins, les tenant toujours devant lui, et cependant toute la journée du i7 il avait perdu la trace de Blücher. À deux heures du matin on sut au quartier général impérial que le maréchal Grouchy n’avait pu découvrir si les Prussiens s’étaient retirés sur Bruxelles ou sur Liège. On lui adressa à tout événement un duplicata de l’ordre déjà expédié. Sur les cinq heures du matin, une seconde dépêche du maréchal fit connaître qu’instruit enfin que l’ennemi s’était dirigé sur Wavres, il partirait à la petite pointe du jour pour le harceler dans cette direction. Cette lettre était datée de deux heures après minuit. Elle donnait au moins la certitude que le maréchal serait avant midi devant Wavres, et qu’il aurait reçu le premier ordre par lequel la veille à dix heures du soir on le prévenait de la bataille. Il n’en était rien cependant, le maréchal n’avait rien reçu et il était complètement dans l’erreur sur la position de l’armée prussienne, dont un seul corps s’était dirigé sur Wavres pour détourner son attention, et ce corps, qui n’était pas en retraite, n’avait pas subi la défaite du 16. — On a reproché très-amèrement au général Grouchy de n’être pas venu sur le champ de Waterloo le 18, alors que la canonnade semblait l’y appeler. Ce fut une faute sans doute, mais il n’est pas prouvé que le maréchal, prenant même un parti décisif, eût pu se porter en ligne à temps ; dans tous les cas il serait arrivé parallèlement avec le corps prussien de Bulow. Avant tout et pour l’honneur du maréchal Grouchy, il faut reconnaître qu’aucun ordre ne lui était arrivé et qu’il était dans la plus complète ignorance des intentions