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de la mer du Nord et de la Baltique, depuis l’Ems jusqu’à Dantzig, il déploya dans ces fonctions importantes une activité remarquable ; on lui doit l’établissement des chantiers de construction dans les ports de Brème, de Hambourg et de Lubeck.

Le 1er mars 1811, l’Empereur lui accorda une pension de 15.000 francs sur les fonds de la Légion-d’Honneur, et le nomma comte avec une dotation de 10.000 francs. Grand officier de l’Empire au commencement de 1812, il prit le commandement de l’armée navale du Helder et du Texel, et des forces réunies dans le Zuyderzée.

Quand l’insurrection éclata en Hollande vers la fin de 1813, l’amiral Ver-Huell sut concilier ses devoirs envers son ancienne patrie et sa patrie adoptive. Il fit entrer la flotte placée sous ses ordres dans le port de Nieuste-Diep, puis il s’enferma avec les équipages français et toute la garnison du Helder dans le fort de la Salle. En même temps il occupa le fort Morland ; il se maintint dans cette position pendant tout l’hiver de 1813 à 1814. Ce ne fut qu’après l’abdication de l’Empereur qu’il consentit à remettre la place du Helder et les autres forts au général Jonge qui les assiégeait : il partit alors pour Paris.

Louis XVIII le maintint dans son grade et ses titres, le nomma chevalier de l’ordre du Mérite militaire, et lui accorda des lettres de grande naturalisation. L’amiral Ver-Huell fixa définitivement son séjour dans le pays à la gloire et aux intérêts duquel il s’était voué depuis si longtemps.

En 1815, le gouvernement provisoire mit deux frégates du port de Rochefort à la disposition de l’Empereur pour le transporter aux États-Unis ; l’on sait que les escadres anglaises bloquaient ce port et attendaient sa sortie. Napoléon demanda Ver-Huell pour commander ces deux bâtiments. — La question fut agitée à la Chambre des Pairs, et le ministre de la marine, Decrès, déclara que le grade de l’amiral Ver-Huell lui paraissait trop élevé pour le charger du commandement de deux simples frégates. L’amiral Ver-Huell, alors absent de Paris, n’apprit que plus tard ce qui s’était passé. Ses regrets témoignèrent qu’il savait apprécier autrement que le ministre un choix si glorieux. — Quant à Napoléon, voici ce qu’il écrivit sur le rocher de Sainte-Hélène : « Si cette mission avait été confiée à Ver-Huell, ainsi qu’on me l’avait promis, il est probable qu’il eût passé. »

Admis à la retraite en 1816, il fut élevé à la dignité de pair de France le 5 mars 1819. Il est mort en octobre 1845, à l’âge de 81 ans, après de longs et brillants services, mêlés depuis 1779 aux plus glorieux faits d’armes de la France et de la Hollande.

VIALA (Joseph - Agricol)

né à Avignon en 1780. Agricol Viala était un enfant du Midi. Il habitait Avignon, et, quoique bien jeune, l’impression produite par les grands événements, qui s’accomplissaient alors, avait éveillé en lui des sentiments d’énergie et de patriotisme au-dessus de son âge. À cette époque où la France, attaquée au dehors et au dedans, montrait le même but â tous les citoyens : l’indépendance et la liberté, les jeunes gens qu’on appelait à 18 ans, souvent à 15, à la défense du pays, apprenaient de bonne heure à porter un fusil : aussi, à peine âgé de 13 ans, Viala, dont on estimait déjà le courage, fut placé à la tête des jeunes gens enrôlés sous le nom d’Espérance de la patrie, et bientôt il prouva que ce n’était pas sans raison qu’on avait ainsi préjugé sur l’avenir.

Une partie du Midi, en proie aux réactions les plus violentes, semblait avoir pour ainsi dire renié la commune patrie. Les royalistes, ralliés aux Anglais et à ces hommes qui rêvèrent un instant le