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Il a des mœurs très-douces, une éducation soignée, du zèle, de l’activité, de la fermeté, enfin toutes les qualités qu’on peut désirer dans un chef de corps ; il a très-bien fait la guerre ; il a reçu un sabre d’honneur. »

L’année suivante, le premier Consul le nomma, le 11 fructidor, général de brigade, et l’employa au camp de Saint-Omer.

Le 19 frimaire an XII, il le fit membre de la Légion-d’Honneur, et commandant de l’Ordre le 25 prairial suivant.

Attaché en l’an XIV à la 4e division du 4e corps de la grande armée, commandée par Suchet, il combattit à Austerlitz le 11 frimaire avec une valeur admirable, et y eut la cuisse fracassée par un éclat d’obus. Tombé, et dans l’impossibilité de se relever, des soldats veulent le transporter à l’ambulance : « Souvenez-vous de l’ordre du jour1, leur dit-il, reprenez vos rangs : si vous êtes vainqueurs, vous m’enlèverez d’ici ; si vous êtes vaincus, que m’importe un reste de vie !

On lut bientôt dans le 33e bulletin, daté d’Austerlitz, le 16 frimaire : « Le général Roger Valhubert est mort des suites de ses blessures. Il a écrit à l’Empereur une heure avant de mourir : « J’aurais voulu faire plus pour vous ; je meurs dans une heure ; je ne regrette pas la vie, puisque j’ai participé à une victoire qui vous assure un règne heureux. Quand vous penserez aux braves qui vous étaient dévoués, pensez à ma mémoire. Il me suffit de vous dire que j’ai une famille, je n’ai pas besoin de vous la recommander. »

Ses camarades lui élevèrent un monument dans les plaines de la Moravie. — L’Empereur accomplit les derniers vœux du brave Valhubert. Il se chargea de la famille de ce général, ordonna qu’un monument serait élevé au lieu même où il avait été blessé, que son nom fût donné à la place de Paris qui se trouve entre le Jardin des Plantes et le pont qu’on construisait alors vis-à-vis, et qu’on sculptât sa statue en marbre.

Son nom est inscrit sur le côté Est de l’arc de triomphe de l’Étoile, et sur les tables de bronze du palais de Versailles.



1. Dans l’ordre du jour donné avant la bataille, Napoléon avait défendu aux soldats de quitter leurs rangs sous le prétexte d’emmener les blessés.

VANDAMME (Dominique - Joseph - René)

comte d’Unebourg, fils d’un chirurgien de Cassel (Nord), naquit dans cette ville le 5 novembre 1770.

Élève de l’École militaire de Paris, et entretenu par le maréchal de Biron, il entra, le 8 juillet 1788, comme soldat dans le 4e bataillon auxiliaire du régiment des colonies, s’embarqua le 2 février 1789, à Lorient, sur la flûte l’Uranie, arriva, le 31 mars à la Martinique, et fut immédiatement incorporé dans le régiment de cette colonie.

De retour en France, le 29 avril 1790, il passa, le 22 juin 1791, au régiment de Brie, depuis 24e d’infanterie, et reçut son congé définitif le 26 août 1792. — Telles furent les humbles prémices d’une des grandes renommées militaires de la République et de l’Empire.

En 1792, Vandamme forma, dans son pays natal, une compagnie franche ; il la conduisit à l’armée du Nord, et cette compagnie ayant été amalgamée au bataillon des chasseurs du Mont-Cassel, il devint chef de ce corps, le 5 septembre 1793, puis, le 27 du même mois, général de brigade. Cet avancement rapide, mais concevable, si l’on se reporte aux circonstances, était d’ailleurs mérité.

À Hondscoote, il avait déployé la bravoure la plus brillante et montré qu’il entendait la guerre, en indiquant aux commissaires de la Convention une manœuvre qui, exécutée comme il la projetait, eût coupé la retraite à l’ennemi ; aussi fut-il de suite