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de Pratzen, défendu par une artillerie formidable, s’en empara après un combat acharné, et après avoir coupé la ligne russe, en jeta une partie sur le lac de Monitz dont il fit briser la glace à coups de canon ; ce mouvement si vigoureusement exécuté contribua puissamment au succès de la journée : « Maréchal, dit Napoléon en l’embrassant sur le champ de bataille, vous êtes le premier manœuvrier de l’Europe. — Sire, répondit le maréchal, je le crois, puisque c’est Votre Majesté qui le dit. » L’Empereur le nomma gouverneur de Vienne après la prise de cette ville.

Dans la campagne de Prusse, en 1806, le maréchal Soult, commandant encore l’aile droite de l’armée, combattit avec son intrépidité et son habileté ordinaires ; après avoir aidé au gain de la bataille d’Eylau par l’énergie de son attaque sur le centre de l’année ennemie, il joignit à Greussen le maréchal Kalkreuth qu’il battit complètement, poursuivit le roi de Prusse avec la plus active vigueur ; bloqua Magdebourg, et força à Ruthnau cinq escadrons des armées de la Saxe à mettre bas les armes. Il se rendit ensuite maître de Lubeck et fit capituler Blücher à Schwartau. Dans la campagne de Pologne, il contint le général russe Beningsen pendant que l’Empereur écrasait les Russes à Eylau, remporta de nouveaux succès à Wolfesdorf, à Heilsberg et entra dans Kœnigsberg. De si éclatants services le firent créer duc de Dalmatie après la paix de Tilsitt.

La guerre venait de se rallumer avec fureur en Espagne ; l’Empereur confia à Soult le commandement du centre gauche de l’armée ; à peine arrivé, le maréchal remporte, le 10 novembre 1808, une victoire signalée devant Gamonal, prend Burgos, Santander, culbute l’armée espagnole près de Reynosa, atteint enfin l’armée anglaise devant Corogne, lui livre une sanglante bataille dans laquelle le général en chef, John Moore, est tué ; force les débris de l’armée anglaise à se rembarquer en abandonnant 6.000 prisonniers, s’empare de la Corogne et du Férol : un immense matériel renfermé dans ces deux places devient la conquête du vainqueur.

Entré en Portugal le 4 mars 1809, par ordre de l’Empereur, le duc de Dalmatie passa le Minho, prit Chaves et remporta, le 29 mars, la mémorable victoire d’Oporto. Bientôt, cependant, réduit par défaut de renforts à l’impossibilité de tenir la campagne, il reconduisit en Galicie, en moins de six jours, les faibles débris dont il pouvait disposer, et battit encore l’armée anglo-espagnole qu’il trouva sur son passage à Arzobispo. Cette retraite est regardée par les tacticiens comme une des plus belles opérations du maréchal.

Un décret de l’Empereur nomma le maréchal Soult major-général des armées françaises en Espagne ; cette haute confiance ne tarda pas à être justifiée par un magnifique succès ; les 18 et 19 novembre 1809, à Ocaña, il détruisit, avec 30.000 Français, 60.000 Espagnols : 50 pièces de canon, 30 drapeaux et 20.000 prisonniers furent les résultats de cette victoire. Après s’être emparé de Séville, à la fin de janvier 1810, il passa dans l’Estramadure, prit Olivença le 22 janvier 1811, gagna la bataille de Gébora le 11 février suivant, occupa Badajoz et éprouva un échec à la bataille d’Albuera livrée avec des forces inférieures. Quelque temps après, il prenait sa revanche en forçant Wellington, le 12 mai, à lever le siège de Badajoz. Les événements ayant forcé le roi Joseph à évacuer l’Espagne, le maréchal Soult quitta l’Andalousie au mois d’août 1812, et opéra une série de marches admirées par les stratégistes.

Quelque temps après, Napoléon l’appela auprès de lui pour lui donner le commandement