Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/524

Cette page n’a pas encore été corrigée

Sainte-Suzanne, chargé d’organiser le corps de réserve qui se formait à Mayence, reçut l’ordre de se mettre à la tête de ce corps, traversa la Nida, le Mein, près de Francfort, et battit de nouveau l’ennemi à New-Wissembourg et à Hanau. Telle fut la dernière opération militaire du général Sainte-Suzanne, tacticien habile, doué d’un coup d’œil sûr et d’une valeur éprouvée.

Il fut nommé grand officier de l’ordre de la Légion-d’Honneur, le 25 prairial an XII.

Le 1er floréal an X, Napoléon le nomma Sénateur ; il était depuis longtemps conseiller d’État et attaché à la section de la guerre. Le 19 mai 1806, il lui donna la sénatorerie de Pau, et, en 1807, le commandement de la 2e légion de réserve. Nommé inspecteur des côtes de Boulogne, en 1809, il fit toutes les dispositions nécessaires pour les mettre dans un état de défense respectable. Ce fut lui qui annonça au ministre de la guerre l’arrivée d’une flotte anglaise devant Flessingue, déclarant qu’il resterait à son poste malgré le mauvais état de sa santé. C’est en récompense de sa conduite dans ces circonstances difficiles qu’il fut créé comte de l’Empire.

En 1814, il adhéra aux actes du gouvernement provisoire, devint Pair de France, chevalier de Saint-Louis, commandant d’armes à Landau en 1815, et, le 31 août, il obtint de Louis XVIII des lettres patentes qui lui conféraient le titre de comte. Il donna, lors du procès du maréchal Ney, l’exemple d’une généreuse indépendance, et se refusa, avec quatre de ses collègues, à prendre part au jugement.

Dans tout le cours de sa carrière législative, il ne cessa de faire partie de l’opposition constitutionnelle. Ce fut en 1819, qu’il publia sur les places fortes un ouvrage qui a obtenu les suffrages du général Lamarqueet du maréchal Saint-Cyr.

SAVARY (Anne - Jean - Marie - René)

né à Marc, près Vousiers (Ardennes), le 26 avril 1774.

Troisième fils d’un vieux militaire, ancien major du château de Sedan, il embrassa de bonne heure la carrière des armes, et devint simultanément aide-de-camp des généraux Ferino et Desaix, sur le Rhin et en Égypte1, aide-de-camp de Bonaparte à la mort de Desaix2, général de brigade en 18043, général de division en 1805, commandant des gendarmes d’élite de la Garde impériale, employé comme négociateur dans les campagnes d’Allemagne4, DUC DE ROVIGO après la bataille de Friedland. Commandant des troupes françaises en Espagne, après le départ de Murat. Ministre de la police générale en 1810.

Il accompagna Marie-Louise à Blois et resta sans emploi durant la première Restauration. Pair dans les Cent-Jours, à la seconde Restauration il suivit Napoléon ; mais les Anglais l’empêchèrent d’aller à Sainte-Hélène, l’arrêtèrent et l’enfermèrent à Malte. Porté sur la liste de proscription du 24 juillet. Il s’évada de Malte, se réfugia en Autriche et en Turquie ; s’étant engagé à Smyrne dans des spéculations commerciales, il perdit une partie de sa fortune et se retira à Gratz.

Revenu en France à la fin de 1819, il y fut acquitté, mais n’eut aucun emploi. En 1831, il reçut le commandement en chef de l’armée d’occupation d’Afrique ; mais l’état de sa santé le rappela à Paris, où il mourut le 2 juin 1833.

Savary fut l’un des serviteurs les plus fidèles et les plus dévoués de l’Empereur. Son nom est gravé sur l’arc de triomphe de l’Étoile, côté Est.



1. Il assista à la bataille de Berstheim, sous Haguenau, à la reprise des ligues de Wessembourg et au déblocus de Landau ; effectua le premier, à la tète d’un bataillon d’infanterie, le passage du Rhin, en l’an IV, se fit remarquer pour sa brillante valeur au passage de la Lech et au passade de Friedberg, et rendit des services pendant la retraite de Bavière. Au nouveau passage du Rhin, en l’an V, Savary fut encore chargé du premier débarquement des troupes ; il passa le fleuve en plein jour, sous le feu du canon et de la mousqueterie, et se maintint sur la rive droite jusqu’à ce que le pont eût été jeté. Ce fut encore Savary qui commanda les troupes du débarquement de la division Desaix à Malte et à Alexandrie.
2. Quand ce général reçut le coup mortel, Savary était à ses côtés ; il releva son corps et l’emporta lui-même jusqu’au quartier général, d’où il fut transporté à Milan.
3. Le 30 ventôse an XII, le duc d’Enghien venait d’être amené à Vincennes. Savary reçut le commandement des détachements fournis par les régiments de la garnison de Paris pour la garde de la forteresse, non à titre spécial, mais parce que de tous les chefs de corps présents, il était le seul qui ne fit pas partie du conseil de guerre. Le jugement à mort rendu à l’unanimité fut remis au rapporteur, qui réclama du commandant des troupes le peloton destiné à en assurer l’exécution. Savary donna des ordres en conséquence et le jugement fut exécuté.
4. À Austerlitz, l’armée ennemie était tellement entourée et cernée par les Français, grâce aux savantes manœuvres de Napoléon, que pas un homme ne pouvait échapper. Napoléon avait ordonné à ses artilleurs de ne pas tirer sur le quartier impérial de l’autocrate ; mais, non content de cet ordre donné pendant l’action, il voulut favoriser sa fuite