Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/508

Cette page n’a pas encore été corrigée

le 24 juin 1811, et commandant du 6e gouvernement d’Espagne.

En mars 1812, il se rendit avec sa division de la Garde sur le Niémen. Arrivé le 4 juillet à Wilna, il fit la campagne de Russie ; à Moscou, la division Roguet fut la première qui rentra dans l’ordre à la voix de son chef. Après de graves désordres, presque inévitables pendant la retraite, elle fit des prodiges de valeur.

Le 14 décembre, au-dessus de Smolensk, elle s’ouvrit, pendant la nuit, un passage en renversant les forces accumulées de Miloradowisch, et protégea la retraite de toute la Garde, se dirigeant sur Krasnoë. Ce choc arrêta pendant vingt-quatre heures le mouvement de l’armée russe, forte de 80.000 hommes, et donna le temps au prince Eugène de rejoindre Napoléon à Krasnoë. Le 17, cette même division Roguet fut encore admirable de courage, d’héroïsme et de dévouement ; pendant trois heures elle reçut la mort sans reculer d’un pas, sans faire un mouvement pour l’éviter ; elle perdit 1.500 hommes, mais grâce à ses héroïques efforts, les restes confus de l’armée parvinrent à effectuer leur retraite.

Dans tout le reste de la campagne, le général Roguet continua de se montrer soldat et général. À partir de la Bérésina et à son arrivée à Posen, il rallia la vieille et la jeune garde française et italienne, qui ne tardèrent pas à s’immortaliser à Lutzen, à Bautzen et à Wurchen ; il reçut en récompense la décoration de la grand-croix de la Réunion et de la grand-croix de l’ordre de Hesse.

À la bataille de Dresde, il commandait 14 bataillons de conscrits à peine équipés, que Napoléon compara, ce jour même, à ses vieux soldats.

À Leipzig, il culbuta un corps d’Autrichiens et soutint les charges de la cavalerie réunie des gardes prussienne et russe.

Dans la retraite sur le Rhin, il forma l’arrière-garde et se distingua à Hanau.

Promu au titre de comte le 28 novembre 1813, il alla prendre à Bruxelles le commandement des troupes de la Garde, commença le 20 décembre le bombardement de Bréda, mais sans succès ; ce qui empêcha Napoléon de ressaisir la ligne de la Meuse et Waal. Il alla ensuite se distinguer sous les murs d’Anvers. Le 30 mars 1814, au combat de Courtrai, il renversa et détruisit un corps de Saxons.

Après l’abdication, le général Roguet fit à Lille sa soumission au nouvel ordre de choses, reçut la croix de Saint-Louis le 8 juillet, et celle de grand officier ; il garda sa position dans la Garde, devenue Garde royale, et la remit presque intacte à Napoléon en 1815. Il combattit avec elle à Fleurus et à Waterloo. De retour à Paris, il signa, avec dix-huit de ses frères d’armes, une énergique protestation contre les Bourbons, et fut mis en disponibilité.

Après la Révolution de 1830, le comte Roguet fut appelé au commandement de l’infanterie de la 1re division, puis commanda la 7e division militaire ; il fut créé pair de France et grand-croix de la Légion-d’Honneur en 1831. Pendant son séjour à Lyon, il eut à réprimer une émeute d’ouvriers et le fit avec une grande rigueur ; on lui reprocha cependant d’avoir fait sortir les troupes de la ville, et d’avoir ainsi pactisé avec la révolte, de sorte que cette déplorable circonstance nuisit au général Roguet dans l’esprit de l’armée et du peuple, et le mit mal avec la cour.

Le comte Roguet est mort le 7 décembre 1846, à Paris, à l’âge de 75 ans.

Son nom est inscrit sur l’arc de triomphe, côté Sud.


ROHAULT DE FLEURY (Hubert), baron

né à Paris le 2 avril 1779, fit ses études au collège de Juilly. Reçu à seize ans à l’École polytechnique, il en sortit