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RIGNY (Henri) de

vice-amiral, neveu du baron Louis et fils d’un ancien capitaine au régiment de Penthièvre-Dragons, retiré fort jeune du service, et qui mourut en laissant cinq garçons en bas âge, naquit à Toul, en Lorraine, le 2 février 1782. La Révolution le fit sortir de l’école de Pont-à-Mousson, où il avait été envoyé tout enfant. Henri de Rigny, âgé de dix ans alors, avait perdu son père ; sa mère était inscrite sur la liste des émigrés. Une tante recueillit la jeune famille, composée d’une jeune fille de seize ans et de cinq garçons, dont Henri était l’aîné. Henri et ses jeunes frères furent élevés par leur sœur, qui, sous la direction de sa tante, n’avait pas craint d’accepter cette noble et pénible tâche et qui sut l’accomplir. Cette éducation fraternelle trempa le caractère de Henri de Rigny au sein de l’adversité, dit M. le capitaine de vaisseau Gallois, son ami d’enfance, et lui apprit, au milieu des scènes orageuses de cette époque, à contracter ces habitudes de réflexion et de prévoyance qui l’ont toujours distingué.

Une vocation prononcée et la volonté dernière de son père appelèrent Henri de Rigny au service de la marine. Après un séjour de quelques mois à l’École spéciale de Brest, où il avait été envoyé pour y terminer ses études, âgé de seize ans à peine, en 1798, il entra dans la marine en qualité d’aspirant de seconde classe sous les ordres de l’amiral Bruix, assista au blocus de Porto-Ferrajo et au combat d’Algésiras ; puis il fit la campagne d’Égypte, et prit part aux expéditions de Saint-Domingue, de Corse et d’Espagne. En 1803, M. de Rigny ayant obtenu le grade d’enseigne de vaisseau, fut, en cette qualité, envoyé au camp de Boulogne et chargé du commandement d’une corvette. Interpellé par Napoléon sur l’opportunité de faire sortir à la marée tous les bâtiments de la flottille destinée à une descente en Angleterre, le jeune marin fit à l’Empereur une réponse aussi ferme que concise. Incorporé avec les marins de la Garde dans l’armée de terre, en 1806 et en 1807, M. de Rigny fit dans le courant de ces deux années les campagnes de Prusse, de Pologne et de Poméranie ; combattit à Iéna, à Pultusk, au siège de Stralsund et de Graudentz, où il reçut une blessure fort grave. Passé à l’armée d’Espagne en 1808 et devenu aide-de-camp du maréchal Bessières, il se distingua à la bataille de Rio-Seco et fut blessé au combat de Sommo-Sierra, puis il assista à la prise de Madrid, en 1809, et à la bataille de Wagram.

Promu au grade de lieutenant de vaisseau en cette même année 1809, M. de Rigny fut en 1811 capitaine de frégate, et reçut l’ordre d’aller appareiller en vue de la croisière anglaise qui bloquait Cherbourg et le Havre. Il accomplit avec intrépidité cette périlleuse mission. En 1813, il fut blessé de nouveau, alors qu’il enlevait le village de Barselen occupé par les Anglais et défendu par deux formidables batteries.

M. de Rigny qui, en 1816, avait été élevé au grade de capitaine de vaisseau, reçut en 1822 le commandement des forces navales rassemblées dans les mers du Levant. Il releva bientôt le pavillon français journellement exposé dans ces eaux aux insultes des pirates turcs et grecs ; ses soins intelligents fixèrent dans l’Archipel la police de la navigation, et le capitaine français fut, suivant sa propre et pittoresque expression, un véritable juge de paix chargé de préserver de fureurs inutiles deux peuples alors divisés par une guerre acharnée. Nommé contre-amiral en 1823, M. de Rigny fut