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et y fut nommé brigadier-fourrier le 1er janvier 1791, et maréchal-des-logis le 16 mai 1793. Il avait déjà fait les premières guerres de la Révolution à l’armée de la Moselle et à celle du Rhin, lorsqu’il obtint le grade de sous-lieutenant le 14 germinal an I. Envoyé à l’armée des Alpes, il devint lieutenant le 1er vendémiaire an III. Bientôt après, il passa à l’armée du Rhin. À Lignenfelds, le 9 prairial de la même année, il chargea, à la tête de 100 chasseurs de son régiment, plus de 800 hommes de cavalerie ennemie, qu’il parvint à culbuter au moment où plusieurs pièces de canon allaient tomber en leur pouvoir. Il reçut dans cette charge plusieurs coups de sabre sur la tête et sur le bras droit. Le général Desaix, témoin de la valeur qu’il avait déployée, se l’attacha comme aide-de-camp avec le grade de capitaine, le 29 frimaire an V et lui voua, à partir de cette époque, une affection qui ne se démentit jamais. Il l’emmena avec lui en Égypte, où de nouveaux combats lui valurent de nouveaux succès. À la bataille de Sédiman, le 16 vendémiaire an VII, l’artillerie des Beys se démasque tout à coup et porte le ravage dans nos rangs ; Desaix, impatient d’éteindre le feu qui nous écrase, se tourne vers son aide-de-camp, et, lui montrant les pièces… :

Vaincre ou mourir ! s’écria-t-il ; Vaincre ! répond l’intrépide Rapp, et se précipitant sur les Arabes, il renverse tout ce qui s’oppose à son passage, s’empare de l’artillerie, fait un grand nombre de prisonniers, et disperse en un instant le reste de la cavalerie. Ce beau fait d’armes lui fit décerner sur le champ de bataille le grade de chef d’escadron.

À la journée du 3 pluviôse, envoyé en reconnaissance, il marcha sur les avant-postes des Mamelucks, les mit en fuite, pénétra dans le village de Samanhout, et soutint une lutte inégale, dans laquelle il aurait infailliblement succombé, si les carabiniers de la 21e légère ne l’eussent promptement dégagé. Grièvement blessé d’un coup de kandjar à l’épaule gauche, il se rendit au Caire pour se faire soigner. Élevé au grade de colonel le 26 pluviôse, Rapp suivit son général en Europe. Il le vit tomber à Marengo et porta au général Bonaparte les dernières et patriotiques paroles de ce jeune héros. L’aide-de-camp du vainqueur d’Offembourg devint celui du conquérant de l’Italie le 25 prairial an VIII.

Chargé en l’an X d’une mission importante dans les cantons suisses, il somma les insurgés de Berne de suspendre les hostilités, fit évacuer Fribourg qui avait été enlevé pendant l’armistice, et somma la diète de Schwitz à accepter la médiation que lui offrait le chef du gouvernement français. Le colonel Rapp partit pour Coire au mois de brumaire an XI, fit comparaître devant lui le petit conseil de cette ville et contraignit la municipalité à se dissoudre.

Revenu à Paris, il accompagna le premier Consul dans son voyage en Belgique, obtint le brevet de général de brigade le 11 fructidor an XI, puis il se rendit sur les bords de l’Elbe, pour y faire élever des redoutes et prendre des mesures défensives en cas d’un débarquement des Anglais. À son retour en France, créé membre de la Légion-d’Honneur le 19 frimaire an XII, il en devint commandeur le 25 prairial suivant.

Au mois de germinal an XIII, il épousa, par ordre de l’Empereur, mademoiselle Vanderberg, fille d’un riche fournisseur ; mais cette volonté toute-puissante, qui alliait ainsi l’opulence à la gloire, ne le rendit point heureux.

Il se distingua sur le champ de bataille d’Austerlitz. Ce fut lui qui, sur les hauteurs de Pratzen, vengea la défaite d’un bataillon du 4e de ligne et du 24e léger,