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VI, rappelé des armées actives, il fut envoyé comme chef de légion de gendarmerie pour réorganiser la 24e division de cette arme à Avignon, la commander et contribuer au rétablissement de la tranquillité dans le Midi. C’est là qu’il vit, pour la première fois, le général Bonaparte à son retour d’Égypte. Témoin des services rendus par Radet dans cette contrée et de la considération qu’il s’y était acquise, le général Bonaparte lui parla beaucoup, dans une longue conférence, du service de la gendarmerie, des principes de l’organisation de ce corps, et ce fut à cette circonstance que Radet dut son avancement.

Devenu premier Consul, Bonaparte l’appela à Paris, et le nomma général de brigade de gendarmerie le 15 floréal an VIII. Radet s’occupa alors d’un grand travail relatif à l’organisation de ce corps, et le soumit au premier Consul, qui l’approuva. Il prit le commandement en chef de toute la gendarmerie de France, la réorganisa, et l’on peut dire qu’elle se ment encore aujourd’hui d’après les règlements qu’il a faits pour elle et les relations qu’il lui a fixées avec les diverses autorités publiques.

Nommé membre de la Légion-d’Honneur le 19 frimaire an XII, commandeur de l’Ordre le 25 prairial, et électeur de la Meuse, Radet inspecta successivement la gendarmerie en Corse, en Piémont, à Gênes, et fut chargé, le 27 mars 1808, d’organiser la gendarmerie en Toscane.

À cette époque, l’Autriche avait armé contre la France et manifestait l’intention de soumettre les princes de la Confédération ; Napoléon, pour soutenir ses alliés, menacés par le cabinet de Vienne, quittait en toute hâte l’Espagne, et, à la tête d’une grande armée en quelque sorte improvisée, pénétrait au centre de l’Allemagne ; l’Espagne, l’Autriche et l’Angleterre cherchaient à nous susciter des ennemis, surtout en Italie. Un mouvement général, secrètement dirigé par le cardinal Pacca, était préparé dans les États romains.

Le pape Pie VII venait de lancer une bulle d’excommunication contre l’Empereur : l’Europe était sur le point de subir un embrasement général. Napoléon jugea prudent de se mettre à l’abri des craintes que l’Italie lui inspirait, et il prit l’unique mesure qui, peut-être, pouvait lui faire atteindre son but, en mettant fin aux malheureuses intrigues du gouvernement pontifical. En conséquence, une dépêche télégraphique du 14 mai 1809 ordonna au général Radet de partir dans les vingt-quatre heures pour Rome.

Dans la nuit du 5 au 6 juillet, ce général, aidé d’un millier d’hommes, gendarmes, conscrits ou soldats de la gardé civique de Rome, fit appliquer des échelles au palais Quirinal, où le pape se tenait enfermé. Les fenêtres et les portes intérieures ayant été forcées, il arriva, suivi de ses hommes jusqu’à la pièce qui précédait immédiatement la chambre à coucher du pape. Celle-ci lui fut ouverte par ordre de Sa Sainteté, qui s’était levée au bruit et revêtue à la hâte de ses habits de ville. Le général s’avança vers le pape, le chapeau à la main, et lui dit :

« Saint-Père, je viens au nom de mon souverain, l’Empereur des Français, vous dire que Votre Sainteté doit renoncer au domaine temporel des États de l’Église. »

Le pape, toujours assis, répondit avec calme :

« Je ne le puis, je ne le dois pas, je ne le veux pas. J’ai promis devant Dieu de conserver à la sainte Église toutes ses possessions, et je ne manquerai jamais au serment que j’ai fait de les lui maintenir. »

La conversation continua quelque temps encore, et le général Radet descendit