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Grand Aigle de la Légion-d’Honneur en 1805, il part du camp de Boulogne à la tête de 10.000 grenadiers, s’empare de Vienne comme en passant, au bout de 45 jours de marche, se présente au pont du Danube que défendent 180 pièces de canon, arrache la mèche du premier canonnier autrichien, passe le fleuve, occupe la rive opposée avec sa division, et force à capituler toutes les troupes ennemies qu’il rencontre. Après avoir participé aux combats de Wertingen et d’Armstetten, Oudinot, blessé encore une fois à celui de Juncersdorff, assista, quoique convalescent, à la bataille d’Austerlitz, où il cueillit de nouveaux lauriers. En 1806 il prit possession des comtés de Neuchâtel et de Valengen, puis il entra à Berlin.

Au commencement de 1807 il gagna en Pologne la bataille d’Ostrolenka qui lui valut le titre de comte et une dotation d’un million. Il alla ensuite avec une forte division renforcer le corps du maréchal Lefebvre qui assiégeait Dantzig et amena la capitulation de cette place. Le 14 juin, attaqué à une heure du matin par 80.000 Russes dans la plaine de Friedland, il résista jusqu’à midi, et alors Napoléon survenant avec le reste de l’armée, remporta cette sanglante victoire qui fut suivie bientôt de la paix de Tilsitt.

Gouverneur d’Erfurth en 1808, pendant la réunion des souverains, Oudinot continua de commander en 1809 les grenadiers réunis. Cette formidable avant-garde, partout victorieuse, battit les Autrichiens à Pfaffenhofen le 19 avril, entra le 13 mai à Vienne, concourut à la victoire de Wagram, et valut à son digne chef les titres de maréchal et de duc de Reggio.

En 1810, il s’empara, sans coup férir, du royaume de Hollande, et y commanda jusqu’à l’ouverture de la campagne de Russie. Placé alors à la tête du 2e corps de la grande armée, il se rendit à Berlin, dont il fut deux mois gouverneur, et participa ensuite aux affaires les plus mémorables, jusqu’à ce que, grièvement blessé à celle de Polotsk, il dut remettre son commandement au général Gouvion-Saint-Cyr. Toutefois, en apprenant bientôt l’évacuation de Moscou, nos premiers désastres et la blessure de son successeur, il se hâta, quoiqu’à peine guéri, de rejoindre son corps, concourut, avec les maréchaux Ney, Mortier et Victor, à assurer aux débris de l’armée française le passage de la Bérésina, et fut encore blessé.

En 1813 Oudinot combattit glorieusement à Bautzen, mais il essuya un rude échec à Gross-Beeren, et partagea, peu après, celui de Ney à Dennewitz.

À Leipzig il combattit encore ; mais quelques jours avant la bataille de Hanau, il tomba malade et fut emporté mourant du théâtre de la guerre. Cependant il prit part aux plus terribles affaires de la campagne de France en 1814, aux combats de Brienne et de Champ-Aubert, ainsi qu’aux revers de Bar et de La Ferté-sur-Aube.

Après la capitulation de Paris et la déchéance de Napoléon, le duc de Reggio se voua tout entier au service de Louis XVIII, qui le nomma colonel général des grenadiers et chasseurs royaux, et gouverneur de Metz. Mais tous ses efforts ne purent contenir que jusqu’à Troyes l’impatience de ses troupes qui l’abandonnèrent pour aller au-devant de Napoléon. Il passa les Cent-Jours dans sa campagne de Montmorency, et après la seconde Restauration, il fut nommé commandant en chef de la garde nationale parisienne, major-général de la garde royale, Pair de France, ministre d’État, grand-croix de l’ordre royal de Saint-Louis, et enfin chevalier du Saint-Esprit. Dans la guerre