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Une nouvelle expédition fut résolue en 1837, l’armée se réunit dans le camp de Merdjez-Hammar, établi sur les bords de la Seybouse, en avant de Ghelma, à moitié chemin de Bone à Constantine. Placée sous les ordres du général Damrémont, gouverneur général, elle avait pour chef d’état-major, le maréchal de camp Perregaux ; la lre brigade, celle d’avant-garde était commandée par le jeune et intrépide duc de Nemours, les 2e 3e et 4e étaient sous les ordres des généraux Trézel et Rulhières ; le général Valée commandait l’artillerie, et le général Rohaut de Fleury le génie.

Pour le récit de cette expédition, nous laisserons parler un témoin oculaire allemand qui servait l’armée en volontaire.

« Ce fut le 1er octobre que l’armée sortit du camp de Merdjez-Hammar pour marcher sur Constantine. Elle se composait de quatre brigades, dont chacune avait à peine la force d’un régiment ; le tout ne comprenait pas plus de 7.000 hommes. Les fièvres et les dyssenteries avaient décimé les rangs. Les grands hôpitaux de Bone, les baraques d’ambulance des camps de Drean, de Ghelma et Merdjez-Hammar ne suffisent pas au nombre toujours croissant des malades. On eut recours enfin aux bâtiments à vapeur, qui transportèrent plusieurs centaines de convalescents en France. Toutefois, les corps d’Afrique proprement dit, les Zouaves, les chasseurs d’Afrique, avaient moins souffert. Les deux premières brigades, commandées par le duc de Nemours et le général Trézel, bivouaquèrent, le 1er octobre, sur les hauteurs de Rez-el-Akba. Le sommet de cette montagne s’élève à 2.920 pieds au-dessus de la Méditerranée. Les oliviers sauvages, les arbres qui portent la pistache et le tamarin, forêts qui, dans les environs de Merdjez-Hammar, ornent les collines et les vallées d’un vert toujours varié, disparaissent tout à fait sur le Raz-el-Akba, et le pays, jusqu’à Constantine, prend un aspect d’aridité qui désespère la vue.

« Notre bivouac était sur la même place où Achmet-Bey avait eu le sien ; on y trouva une grande quantité de paille. Les soldats portaient du bois pour trois jours sur leurs havresacs, et bientôt des feux étincelants éclairèrent la montagne ; et les merveilles culinaires du soldat français brillèrent au même lieu où, quelques jours auparavant, avait fumé le triste kouskousou des Arabes d’Achmet. À un quart de lieue à l’Est de notre bivouac, on vit une masse considérable de ruines, connues dans le pays sous le nom d’Aouna. Nous prîmes copie d’une trentaine d’inscriptions latines ; mais aucune ne nous révéla le nom de cette ville numidienne.

« Le 2 octobre, l’armée campa auprès du marabout de Sidi-Tamtam, où l’on trouve des tombeaux arabes. Les troisième et quatrième brigades, commandées parle général Rulhières et le colonel Combe, se tenaient toujours une demi-journée en arrière pour protéger le grand convoi qui, avec sa multitude de voitures et de mulets, occupait deux lieues de route. « Si Achmet attaquait notre arrière-garde avec toutes ses forces, disait un officier supérieur dont l’avis avait dans l’armée l’autorité d’un oracle, nous pourrions arriver devant Constantine dans un état qui rendrait le succès très-problématique. » En effet, les troupes n’étaient pas assez nombreuses pour protéger un convoi d’une telle étendue, et les Arabes auraient pu facilement jeter un désordre affreux dans les bagages. Heureusement, Achmet avait renoncé à nous livrer bataille et voulait concentrer sa résistance dans sa capitale et les environs. Souvent