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seil d’enquête qui se prononça contre le général Monnet. Il résulte du rapport de ce conseil : 1° que ce gouverneur n’avait point exécuté, comme il aurait dû le faire, l’ordre de couper les digues, s’il était pressé par l’ennemi ; qu’il avait rendu Flessingue, lorsque cette ville, n’avait encore essuyé qu’un bombardement de trente-six heures, ayant plus de 4,000 hommes de garnison, l’ennemi étant encore à 8 mètres de la place, et n’ayant ni donné d’assaut, ni exécuté de passage de fossé, ni fait de brèche au rempart, et qu’une telle conduite ne

pouvait être imputée qu’à la lâcheté ou à.la trahison ; 2" qu’il avait en outre exercé des concussions en percevant et faisant percevoir à son profit, depuis l’an XI jusqu’en 1806, un droit de 22 sous tournois par demi-ancre de genièvre exporté, et que, suivant plusieurs déclarations, la seule maison de madame Week, à Flessingue, avait payé pour son compte de 50 à 80,000 florins dans l’espace de trois ans. Un conseil de guerre, saisi de l’affaire, déclara Monnet coupable de lâcheté et de trahison, et le condamna à mort par contumace.

Ce général rentra en France, en mai 181-4, au retour des Bourbons et crut devoir appeler de ce jugement devant Louis XVIII.

Voici les explications que donna cet officier général sur les deux griefs énoncés dans le rapport du conseil d’enquête.

En premier lieu, il dit qu’il fut attaqué à Flessingue par 55,000 hommes et 1,600 bâtiments armés en guerre, que l’armement de la place était de 96 canons et mortiers en mauvais état ; sa garnison de 3,700 hommes, la plupart étrangers, et dont plus de 1,000 avaient déserté pendant le siège ; qu’au lieu d’un secours de 10,000 hommes, qui lui était annoncé, il ne reçut que 2,500 recrues non armées, ni équipées ; que,-ne pou-

Quant au second grief, cet officier général dit qu’ayant été chargé verbalement par le premier Consul de lui procurer des renseignements exacts sur les armements des Anglais, il se crut autorisé, pour faire face aux dépenses considérables occasionnées par de semblables recherches, à accepter le don en argent offert par Holman et Ceulen, armateurs, afin de s’assurer de sa protection pour la stabilité de leur négoce ; et, que le premier Consul, à qui il fit part verbalement de cette mesure, lui répondit : « Ce qu’il y a de mieux, c’est que ce soient les Anglais qui paient les frais de la police que je fais exercer sur eux. »

Le comte Dupont, ministre delà guerre, adressa au roi un rapport sur cette affaire, et proposa de faire rétablir cet officier général sur la liste des lieutenants-généraux en activité, et de faire lever le séquestre mis sur ses biens. A une époque où toutes les trahisons envers l’Empire étaient des titres de faveur, la disculpation de Monnet devait être favorablement accueillie, aussi fut-il réintégré le 24 juillet dans son grade et dans se