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point à prendre, dans ces deux missions, les mesures de salut public que la gravité des événements commandait, déployant surtout une inflexible rigueur envers ces spéculateurs éhontés qui trafiquent de l’indépendance de leur patrie.

De retour à Paris, au mois de frimaire an VI, et accueilli avec faveur par les jacobins, quelques succès de tribune l’é-garèrent jusqu’à faire entendre des paroles, qui, plus tard, lui ont été souvent reprochées : « II faut, dit-il un jour, que la France ’ lance sur des vaisseaux la tourbe des ennemis de l’humanité, et que la foudre nationale les engloutisse dans le gouffre des mers. » Envoyé, le 9 nivôse, à l’armée des Pyrénées-Orientales, il est juste de reconnaître que, s’il exerça le pouvoir dont il était investi avec une trop grande énergie, ceux contre lesquels il sévit étaient en effet coupables de menées criminelles avec l’étranger.

Rappelé au commencement de l’an III, et nommé membre du Comité militaire de la Convention, il fut chargé, comme rapporteur, de soutenir d’importantes propositions, et le talent avec lequel il s’acquitta de cette tâche permet de croire qu’il aurait été apte à devenir un habile administrateur.

La réaction thermidorienne ayant pris un caractère de persécution et de vengeance, son arrestation, proposée par Girardin (de l’Aude), eût été prononcée • s’il n’eût été défendu par ses collègues du Comité militaire. Milhaud’, que la Constitution de l’an III excluait de la représentation nationale, à cause de son âge (il n’avait pas 30 ans), et qui, d’après des documents certains, avait été nommé chef d’escadron au 20e chasseurs le 22 juillet 1793, reprit du service, le 5 nivôse an IV, comme chef de brigade du 5* dragons, employé à l’armée d’Italie. Dès lors, son nom s’associa de la manière

la plus honorable aux triomphes et aux revers de nos armes,

Il se signala la première fois, le 21 fructidor ; passant à la nage la Brenta, il coupa la retraite à un corps autrichien de 3,000 hommes, lui fit mettre bas les armes, prit 8 pièces de canon, 15 caissons, un étendard et 6 drapeaux. Le lendemain, à la bataille de Bassano, il chargea l’arrière-garde ennemie avec 200 dragons, culbuta un bataillon du régi-menf de Wurmser, enfonça un bataillon s hongrois, puis, s’étant emparé du grand parc d’artillerie autrichienne, composé de 40 pièces de canon et de 200 caissons, il fit servir par ses dragoi\s 4 de ces pièces contre une division ennemie qui s’avançait pour lui enlever sa conquête. Au combat de Saint-Michel, dans les gorges du Tyrol, il reçut une blessure à la tête.

L’année suivante, tandis qu’il combattait ainsi pour la défense et la gloire de la patrie, Harmand, député de la Meuse au conseil des Anciens, revint sur les accusations qui avaient été portées contre lui après le 9 thermidor, et demanda un -examen sévère de sa mission dans les départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin ; malgré les efforts des thermidoriens, cette proposition fut écartée de nouveau par un simple ordre du jour.

Il prit une part active aux événements des 18 et 19 brumaire an VIII, non comme commandant les troupes envoyées au Luxembourg pour y tenir prisonniers les membres du Directoire, mais, le 18, comme chef d’état-major de Lannes, au palais des Tuileries, et, le 19, comme remplissant auprès de Murât les mêmes fonctions à Saint-Cloud.

Nommé général de brigade le 15 nivôse suivant, et employé à l’armée d’Angleterre, il eut, le 11 ventôse, le commandement de la 8’ division militaire (Vaucluse), fut envoyé à l’armée du Midi, le 5 floréal an IX, et dans la République