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que Napoléon, à la tête de 170 mille hommes, allait marcher sur Paris, les Souverains alliés, effrayés, résolurent d’évacuer la capitale. Mais l’ordre de ce mouvement ne fut pas expédié, parce que Marmont conclut avec les ennemis de la France un traité en vertu duquel les troupes qu’il commandait devaient quitter Essonne et se retirer par Versailles hors du théâtre des hostilités. Cette action de Marmont consomma la ruine de l’Empire.

Napoléon, en apprenant cette défection, refusa d’abord d’y ajouter foi, et parut livré aux idées les plus sombres lorsque le doute devint impossible ; puis il s’écria : « Un fait pareil de Marmont ! un homme avec lequel j’ai partagé mon pain… que j’ai lire de l’obscurité !… l’ingrat ! il sera plus malheureux que moi. — Sans la trahison de Raguse, ajouta-t-il, les alliés étaient perdus. J’étais maître de leurs derrières et de toutes leurs ressources de guerre,pas un seul neseseraitéchappé ; eux aussi, ils auraient eu leur 20’ bulletin. »

A la Restauration, le duc de Raguse fut nommé capitaine des Gardes du corps, il alla à Gand, en 1813, comme chef de la maison militaire de Louis XVIII. Néanmoins il passa les Cent-Jours aux eaux d’Aix-la-Chapelle. A la seconde Restauration il fut l’un des majors généraux de la Garde royale ; on le créa Pair de France.

En 1817, on l’envoya à Lyon en mission expéditionnaire. En 1825, il alla en qualité d’ambassadeur extraordinaire assister au couronnement de l’empereur Nicolas. Il s’était occupé quelque temps de la fabrication du sucre de betteraves et y avait compromis sa fortune., En 1830, il fut nommé le 28 juillet, commandant de la lr0 division militaire ; mais les services qu’il rendit alors à Charles X furent à peu près négatifs, et si le prince l’eût emporté, Marmont

n’eût probablement pas.conservé son crédit. La révolution terminée, il se retira à Vienne, puis commença un long voyage en Hongrie, en Transylvanie, en Russie, à Constantinople, dans l’Asie-Mineure, la Syrie et l’Égypte ; il visita ensuite Rome, Naples et la Sicile. Il a publié la relation de ces voyages, le premier en quatre volumes in-8", et le second, en Sicile, en un volume in-8°. Ces deux ouvrages sont l’œuvre d’un observateur habile et instruit ; aussi sont-ils fort estimés.

A cette esquisse nous ajouterons les citations suivantes :

— Quoique fort occupé de l’organisation de l’armée d’Égypte, Bonaparte songea à la fortune du jeune officier qu’il aimait, il alla trouver le célèbre banquier, M. Perrégaux.

— « Je viens, lui dit-il, vous demander la main de votre fille.

— Si c’est pour vous, général, oui ; pour tout autre, non.

— Je suis marié, ainsi ce ne peut être pour moi. Je vous la demande pour un de mes aides-de-camp, jeune colonel que j’aime comme mon enfant, et qui est digne de toute mon affection.

Et il plaida avec tant de chaleur la cause du jeune Marmont, qu’il parvint à décider M. Perrégaux.

— Mais, dit ce dernier, il faudrait qu’il apportât au moins le déjeuner.

— De combien serait le dîner ?

— D’un million.

— Il l’apportera. »

Il l’apporta ; le général quoiqu’il ne possédât que 110,000 francs, quoiqu’il eût à pourvoir aux besoins de sa mère, de ses quatre frères et de ses sœurs, le général donna 300,000 francs, et le mariage se fit.

« Marmont était le neveu, dit l’Empereur, d’un de mes camarades de Rrienne et au régiment de La Fère, qui me le recommanda