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musicien de la chapelle de Louis XVI et neveu du célèbre Dugazon ; élève de l’École polytechnique en 1799, puis élève sous-lieutenant à l’école d’artillerie de Châlons. Il entra en 1802, comme lieutenant en second au 7e d’artillerie à pied, et passa en 1803 lieutenant au 6e régiment d’artillerie à cheval, et devint, en août 1804, aide-de-camp du général Foucher.

Dans la campagne de 1805, il se trouva à Ulm, à la prise de Vienne et au passage du Danube. Dans cette dernière affaire, il se signala par un remarquable trait d’audace : profitant du trouble que le passage du pont du ïhabor avait jeté dans l’armée autrichienne, il s’élança vers le parc d’artillerie ennemie et s’en empara. Il combattit ensuite à Austerlitz, où il fut blessé ; à Iéna, à Prentzlau, à Pultusk, où il reçut la croix d’honneur ; à Ostrolenka, où il fut promu capitaine, et àFriedland II passaensuiteenEspagne, se distingua au siège de Saragosse, rejoignit la grande armée et prit part aux journées d’Abènsburg, d’Eckmùhl, de Ratisbonne, d’Essling et de Wagram. C’est en 1811 que le capitaine Gourgaud fut attaché à la personne de l’Empereur comme officier d’ordonnance : il dut cette faveur à l’intelligence avec laquelle il venait d’accomplir la reconnaissance de la place de Dantzig. A dater de cette époque, il ne quitta plus l’Empereur. Dans la campagne de Russie, son zèle et son activité, pour assurer le service de son arme, furent des plus remarquables : blessé à Smolensk, il combattit à Valentina et à la Moskowa. A Moscou il eut le bonheur, qui du reste se présenta plusieurs fois dans sa carrière, de préserver les jours de Napoléon : à la suite d’une exploration minutieuse du Kremlin, il découvrit une masse énorme de poudre (400 milliers), que l’incendie était sur le point d’atteindre, et réussit à empêcher cette épouvantable explosion. En récompense de ce signalé service, il fut créé baron.

Lors de la fatale retraite, son dévouement ne faiblit pas un instant : deux fois il passa la Bérésina à la nage, avant la construction des ponts, pour aller reconnaître la position de l’ennemi. Rentré en France, il vint rendre compte de la situation de nos débris à l’Empereur, qui le nomma immédiatement chef d’escadron et premier officier d’ordonnance. Plusieurs missions importantes lui furent confiées dans la campagne de 1813- et accomplies à la haute satisfaction de l’Empereur. Sa conduite à la bataille de Dresde lui valut la croix d’officier-de la Légion-d’Honneur ; il se signala encore à Hanau, à Leipzig, et exécuta avec une grande vigueur les ordres donnés par l’Empereur pour assurer la retraite de l’armée.

Le baron Gourgaud suivit Napoléon dans la campagne de 1814 ; à Brienne, il lui sauva la vie : un parti de Cosaques venait de surprendre l’Empereur ; déjà l’un d’eux avait sa lance dirigée contre lui, lorsque Gourgaud l’abattit d’un coup de pistolet. Il fut blessé à Montmirail, se trouva à Champ-Aubert, à Nangis, à Montereau, et culbuta les Russes de la position d’Étoutevelles. Ce fait d’armes le fit nommer commandeur de la Légion-d’Honneur. Il s’empara du faubourg de Reims, à la tête d’une batterie et de deux bataillons d’infanterie, et entra le premier dans la ville.

Il ne se sépara de l’Empereur qu’au moment où ce dernier quitta Fontainebleau, le 20 avril. Dès lors il fit sa soumission au gouvernement et fut, comme tous les officiers du royaume, désigné pour faire partie des Gardes du corps. Mais l’Empereur lni avait laissé en partant l’épée qu’il portait aux Pyramides : ce fut assez pour le faire éconduire.