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du général en chef qui le fit nommer lieutenant-colonel, par les représentants du peuple, 30 octobre 1792.

A Jemmapes, le 6 novembre suivant, il commandait le 2’ bataillon du 45e, presque tout composé de recrues, et il le fit manœuvrer sous les yeux du général Harville avec autant de sang-froid et de précision que si c’eût été sur un champ d’exercice. Après le siège de Namur, auquel il avait coopéré, Goullus eut le commandement de cette ville et de son château, par arrêté du général Harville du 45 décembre de la même année, tout en conservant celui de son bataillon, dans lequel il sut maintenir la plus exacte discipline.

A la retraite de l’armée, il se rendit à marches forcées avec une forte colonne. à Maubeuge, dont il prit le commandement le 1" mars 4793. Nommé chef de brigade provisoire, par le général en chef Dampierre, le 12 avril suivant, il se distingua dans plusieurs affaires lors de l’évacuation du camp de Famars sur Cambrai. 11 fut choisi, le 31 juillet, parmi tous les chefs de brigade de l’armée pour aller prendre le commandement supérieur du Quesnoy, ou il arriva le 1" août. Ce même jour, Valenciennes se rendit aux Autrichiens, et, le 17, la place du Quesnoy se trouva complètement bloquée.

Le chef de brigade Goullus fit aussitôt sortir la garnison, alla harceler et battre l’ennemi vers Villereau et Jolimet ; mais numériquement trop faible pour tenir la campagne, il fut obligé de rentrer en ville. Pendant neuf jours qui s’écoulèrent sans que l’ennemi entreprît les travaux du siège, la garnison fit avec succès trois sorties. Enfin, la tranchée fut ouverte dans la nuit du 26 au 27, et dès lors la place fit un feu continuel sur l’ennemi. Le 2 septembre, à onze heures du matin, le général Clairfait envoya un parlementaire, porteur d’une sommation au commandant français, d’avoir à rendre la place, le déclarant responsable de tous les maux qu’entraînerait sou opiniâtreté. Le brave Goullus lui fit la réponse suivante :

« Monsieur, mon devoir et l’honneur de ma patrie me prescrivent de n’écouter aucune proposition tendant à la reddition de la place dont la défense m’est confiée ; il n’est aucun sacrifice que je ne sois en état de faire pour le soutien du glorieux nom français. Vous estimeriez bien peu mes troupes, ainsi que moi, si je souscrivais à votre sommation. J’espère néanmoins, Monsieur, que nous mériterons par notre défense, et votre considération et celle de nos concitoyens, et que vous ne pourrez vous empêcher de rendre justice à notre bravoure. »

Par suite de ce refus formellement exprimé, l’ennemi démasqua, à cinq heures du soir, de nombreuses batteries qui ne cessèrent pas de tirer nuit et jour sur la ville. Le feu terrible de 110 pièces de divers calibres, qui ne lancèrent pas moins de 29,000 boulets, 22,000 obus et 11,000 bombes pendant les dix jours de tranchée ouverte, détruisit la majeure partie des habitations ainsi que les magasins et établissements militaires. L’arsenal était réduit en cendres, les trois quarts de la garnison hors de combat. Goullus, toujours présent là où le danger était le plus grand, stimulait l’ardeur et l’activité des combattants. C’est pendant qu’il était sur le rempart qu’il fut atteint, le 5, par un éclat d’obus au pied gauche et à la jambe droite. Quoique grièvement blessé, il n’en continua pas moins à donner la direction de toutes les opérations défensives.

Enfin, après une lutte des plus désespérées et lorsque toutes ses ressources et ses moyens de défense eurent été complètement épuisés, il se résigna à capituler.