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avons un secret que nous tenons caché ici, dit Kanaris en montrant son cœur, l’amour de la patrie nous l’a fait trouver. »

KELLERMANN (FRANÇOIS CHRISTOPHE)

Maréchal de France, duc de Valmy, né à Strasbourg le 30 mai 1735. Il entra comme cadet à quinze ans dans le régiment de Loweridalh, fut enseigne à dix-huit ans, dans Royal-Bavière, et fut nommé capitaine pendant la guerre de Sept-Ans. Major des hussards de Conflans en 1779 ; brigadier des armées du roi en 1784 ; mestre de camp de hussards, colonel-général dans la même année, et enfin le 9 mars 1788 nommé au grade de maréchal de camp. Au commencement de la Révolution Kellermann fut envoyé en Alsace comme général en chef de l’armée de la Moselle (août 1792). Il opéra dans les premiers jours du mois suivant sa jonction avec Dumouriez, et se couvrit de gloire aux journées des 20 et 21 septembre, connues sous le nom de canonnade de Valmy.

Une armée de 150 000 hommes, à laquelle s’étaient joints 20 000 émigrés, s’avançait contre la France, sur toute la ligne de ses frontières, entre Dunkerque et la Suisse. Le 12 août, au lever du soleil les troupes légères prussiennes pénétrèrent sur le territoire français. Le ib, l’armée prussienne vient camper entre Sierck et Luxembourg, et le général Clairfayt, à la tête des Autrichiens, coupe la communication entre Longwy et Montmédy. Le 19 le maréchal Luckner résiste courageusement à une attaque de 22 000 Autrichiens à Fontoy. Le 23 août Longwy se rend après un bombardement de trois jours, Béaurepaire, qui défendait la place, indigné de la lâcheté du conseil de guerre, qui veut capituler, prend un pistolet et se fait sauter la cervelle. Le jeune et vaillant Marceau, qui voulait comme Beaurepaire s’ensevelir sous les ruines de la place, perd ses équipages, ses chevaux, son argent. Que voulez-vous qu’on vous rende ? lui demanda un représentant du peuple. — Un autre sabre pour venger notre défaite.

Le 2 septembre le duc de Brunswick prend possession de Verdun au nom du roi de France. L’armée d’invasion, réunie à Verdun, était forte de 80 000 hommes. Pressé de parvenir à son but, le roi de Prusse donne ordre, dès le lendemain, à cette armée de s’avancer à travers les plaines de la Champagne et de marcher droit sur Paris. Rien ne lui paraissait plus facile, il s’arrête cependant à quelques lieues de Châlons. Il s’arrête, il était arrivé au terme de son voyage qui devait être une suite de fêtes et de triomphes. Nous sommes parvenus à la première journée glorieuse que les Français virent briller, la journée de Valmy, matériellement peu importante, mais immense dans ses résultats, car elle sauva la France et fut le point de départ de toutes les immortelles campagnes qui suivirent.

Dumouriez était campé à une lieue en avant de Sainte-Menehould, sur un plateau peu élevé au-dessus des prairies à droite du chemin qui conduit à Châlons. Cette position était appuyée sur la droite à la rivière d’Aisne qui descend de Sainte-Menehould, des prairies marécageuses et un étang en couvraient la gauche. Une vallée étroite séparait le camp des hauteurs de l’Iron et de la Lune où campèrent les Prussiens. Entre ces deux élévations est un bassin de prairies d’où sortent quelques tertres dont le plus élevé est celui qui se trouve couronné par le moulin de Valmy. Deux petites rivières séparent cet espace, elles tombent dans l’Aisne, au-dessus et au-dessous de Sainte-Menehould, l’Auve est au sud et la Bionne est au nord ; le quartier