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JUS


pas le feu des trois frégates françaises.

Le vaisseau anglais de 80 cessa son feu et se retira, après un combat de trois heures, en talonnant sur les roches ; sa poupe n’offrait plus qu’une vaste embrasure. Son capitaine avait été tué. Les autres vaisseaux qui se trouvaient en panne furent très-maltraités par les frégates et les forts. Après ce beau combat, le capitaine Jurien entra dans le Pont-des-Sables ; il avait 64 hommes de son équipage tués et 47 blessés.

Le 5 juillet 1814, Lagravière fut nommé chevalier de Saint-Louis, et, le 13 novembre de-la même année, il eut le commandement d’une division qui partit de Rochefort pour aller reprendre la possession de l’île Bourbon. Le 10 février 1815,’il relâcha au Cap. Le 6 avril, le nouveau gouverneur était installé à Bourbon, et, le 27 août, il mouilla dans la rade de Brest. . Promu contre-amiral le 28 octobre 1817, président du collège électoral du Finistère le 10 mars 1819, commandeur de la Légion-d’Honneur le 28 avril 1821, il commandait la même année la station du Brésil.

Fait commandeur de Saint-Louis le 22 mai 4825, il commandait à cette époque la station des Antilles et du golfe du ’ Mexique, fut nommé, le 7 janvier 1827, préfet maritime du 4e arrondissement, et, le 5 novembre de la même année, président du collège électoral de la Charente.

Vice-Amiral et Pair de France depuis la révolution de 1830, inspecteur général de la marine pour les 2e et 5° arrondissements en 1832, grand officier de la ■Légion d’Honneur le 22 avril 1834, grand croix de l’Ordre le 22 juin 1841, l’amiral Jurien fait aujourd’hui partie de la 2e section du cadre de l’état-major général de l’armée navale.

JUSUF (YobssouF-JOSEPH)

né à l’île d.’Elbe vers l’an 1807, n’a conservé aucun souvenir de sa famille, il se rappela seulement d’avoir vu Napoléon en 1814. Vers cette époque, il fut embarqué pour Florence où on l’envoyait faire ses études ; mais le navire qui le portait ayant été capturé par un corsaire, Youssouf, conduit à Tunis, échut en partage au Bey. Placé dans le sérail, il ne tarda pas à se concilier l’affection de ses maîtres. Il apprit en peu de temps le turc, l’arabe, l’espagnol, gagna, par son adresse dans tous les exercices militaires, l’amitié du Bey. Mais engagé dans une intrigue avec •une des filles du Prince, et surpris un jour, dans un de ses rendez-vous, par un gardien, il conçut aussitôt l’audacieuse résolution de le suivre dans les jardins et de s’en défaire ; il jeta le corps dans une piscine profonde, n’en conservant que la tête,-et le lendemain, pendant que la jeune princesse l’entretenait des •vives terreurs auxquelles elle était en proie, il la conduisit, pour toute réponse, dans la chambre voisine, et lui montra, dans l’une des armoires, la tête de l’esclave dont il avait arraché la langue. Cependant cette aventure pouvant finir par s’ébruiter, il ne songea plus dès lors qu’à quitter Tunis, et- prépara son évasion. Pendant quelques jours, il feignit d’être malade, obtint enfin la permission de sortir du sérail, et trompant la vigilance de ses gardiens, il put concerter les moyens de s’échapper..

C’était au mois de mai 1830, le brick français l’Adonis était à l’ancre dans la rade, un canot devait l’y conduire, mais cinq Turcs étaient apostés là pour s’opposer à son embarquement. Youssouf qui lesavait vus de loin, remarque qu’ils ont laissé leurs fusils en faisceau sur une roche, il s’élance de ce côté, jette les armes à la mer, se débarrasse de deux de ces hommes, met les autres en fuite et gagne l’embarcation.

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