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novice, patrice. L’adjectif tribunicienne ou tribunitienne, généralement usité, est donc de formation incorrecte.

En conséquence, je traduis l’inscription de la porte Mordelaise ainsi qu’il suit : À l’empereur César Marc Antoine Gordien, pieux, heureux, auguste, pontife suprême, revêtu de la puissance tribunice, Consul, l’Ordre (décurional) des Rédons.

Il s’agit là, évidemment, d’un hommage public rendu à l’empereur par le corps politique le plus élevé des Redones ; mais à quelle occasion ? Le texte est muet sur ce point. Ce silence me parait trop significatif pour ne pas renfermer l’indice que je cherche. En effet, les seuls grands évènements qui puissent donner lieu à un acte officiel sans y être mentionnés, sont un changement de gouvernement, une accession au trône, la prise de possession par le prince régnant d’une nouvelle prérogative, d’une nouvelle attribution (cfr. Orelli, no 5563). Or, il se trouve que précisément notre inscription, par la mention qu’elle porte du consulat de Gordien-le-Pieux, appartient à la première année de son règne, l’an 239 de notre ère. Elle réunit donc tous les caractères d’une promulgation officielle de l’avènement de ce prince. Si je ne m’abuse, ma conjecture peut devenir le point de départ d’une règle propre à déterminer, dans certains cas, l’âge d’inscriptions qui ne portent point de date, mais qui sont assimilables à celle de Gordien par la teneur de leur contexte. Ce n’est pas le lieu de m’engager dans de pareilles recherches ; je me borne à indiquer les inscriptions de Probus, de Carus, d’Aurélien et de Constance (Huebner, 2071, 3660; Gruter, cclxxvi, cclxxxiv, 4). Je ferai cependant exception pour une inscription[1] qui a un rapport tellement immédiat avec celle de

  1. Huebner, Corp. Insc. Lat., t. II, 2070.