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CHAPITRE viii



Louis entrait dans les derniers six mois de sa vie d’étudiants, dans la période décisive et finale pendant laquelle tous les étudiants, même les moins assidus, se mettent avec ardeur au travail.

Ayant suivi ses cours avec une régularité exemplaire, ayant passé au fur et à mesure tous ses examens trimestriels, il n’avait rien pour l’ennuyer et le déranger dans ses études, et il repassait avec soin toutes les matières du cours universitaire, le droit maritime, le droit constitutionnel, le droit civil, la procédure, le code pénal et tant d’autres choses que l’on apprend à l’université et que l’on est obligé d’apprendre davantage dans la profession.

Avec l’esprit de camaraderie qui les distingue, les étudiants repassent leurs matières et préparent leurs examens par groupe de trois ou quatre, s’interrogeant et répondant tour à tour. Cette méthode diminue le danger du surmenage et empêche le travail d’être trop abstrait. Elle a aussi l’avantage d’obliger à réfléchir et de faire voir bien des points auxquels on ne penserait pas si on travaillait seul.

Louis et Arthur s’étaient adjoints deux compagnons d’étude et tous quatre bûchaient ferme. Arthur retardait bien un peu les autres par ses lenteurs, dues au fait qu’il n’avait pas étudié sérieusement depuis qu’il était à l’université, mais ils avançaient tout de même d’une manière satisfaisante. Ils étudiaient en leur particulier pendant plusieurs heures, chaque jour, et ils se réunissaient ensuite, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, pour revoir ensemble ce qu’ils venaient d’étudier seuls.

Ils travaillaient avec confiance, car ainsi réunis, ils avaient tous l’illusion qu’ils en savaient autant l’un que l’autre. L’épreuve de l’examen dirait si leur confiance les trompait et si ceux qui n’avaient jamais pris leurs études au sérieux, comme Arthur Doré, avaient pu en six mois rattraper le temps perdu pendant trois ans.