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priaient, et d’autres se hâtaient d’entrer dans la chambre mortuaire, pour jeter de l’eau bénite sur le cercueil. Puis elles venaient prendre place dans le cortège ; des vieux, descendus d’un village voisin, demandaient des détails à voix basse, dans une impatience de connaître l’événement, qui bouleversait toute la contrée.

Le troisième coup sonna ; les cloches lentes d’ordinaire précipitaient la volée du glas, comme pressées d’en finir.

On sortit le cercueil dans l’étroit vestibule. La vue de la boîte blanche faisait mal, mais ce ne fut qu’un instant ; on la recouvrit d’un drap où de place en place on avait piqué des fleurs blanches avec des épingles ; toute une frêle jonchée vainement répandue sur la face hideuse de la mort ; des roses mousseuses coupées à la hâte dans les jardins, encore humides de rosée, des boules de neige aux blancheurs verdâtres, et aussi des angéliques des prés dont le cœur tremblant s’épanouissait en une poussière de fleurs.

Les cierges allumés, on les distribua aux assistants à la ronde. Les flammes jaunes, que pâlissait le grand jour, tremblaient au vent, comme épeurées.

Mais on entendit une voix chevrotante, qui murmurait des paroles latines, et le vieux prêtre apparut, au tournant des maisons, l’étole violette croisée sur sa poitrine, ayant à ses côtés le chantre vêtu d’un long surplis blanc. Ils marchaient gravement, précédés d’un gamin qui portait la grande croix d’argent.

Elle montait très haut, cette croix, dans le ciel bleu, et chaque pas de l’enfant la faisant vaciller, un éclat miroitant de soleil s’accrochait à ses bras de métal.

Le cortège se mit en marche, quatre jeunes