Page:Moselly - Terres lorraines, 1907.djvu/255

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La lampe de cuivre, suspendue aux solives du plafond, jetait une faible lueur.

Elle avait revêtu le costume des filles de son pays. Sa tête brune apparaissait, doucement auréolée par la coiffe de dentelle tuyautée, dont la blancheur neigeuse rayonnait autour de ses traits. Son fichu de pêcheuse entr’ouvert laissait voir la naissance de sa gorge, menue et délicate. Provocante et lointaine, elle se révélait encore plus souple dans la jupe courte, qui découvrait ses chevilles et ses pieds chaussés de sabots claquants. À ses oreilles étaient suspendues de lourdes pendeloques d’or, garnies de cabochons d’émail bleu, qui lui donnaient l’air d’une idole parée.

Et quand il la tint serrée contre lui, il crut qu’il possédait tout ce qu’il avait rêvé, au cours de ses heures d’ennui et de décevantes nostalgies.

Thérèse maintenant avait perdu toute prudence.

L’obsession rivée au plus profond de sa chair, elle passait ses jours au bord de la rivière. Les deux pêcheurs, occupés à leur besogne, voyaient la tête brune surgir des fourrés de ronces, qui s’accrochent au tronc des saules. Immobile et les yeux fixes, elle suivait les mouvements de la barque dérivant sur les eaux.

Elle avait toute liberté, en vraie fille de bohême grandie sur les chalands, parmi cette population de mœurs faciles. Et puis le père et la mère Maquet, qui n’étaient pas sans soupçonner quelque chose, lui lais-