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de paille et qui agitaient le feuillage de la treille festonnant au-dessus de la porte.

Les garçons du village se réunissaient pour faire des farces, par ces longues nuits de printemps.

De bonnes farces rustaudes, lourdes à assommer un bœuf, qui soulevaient toujours le même sursaut d’émotion dans le village, comme si elles étaient inédites.

Cela consistait à éparpiller le long des chemins les petits paquets de chanvre que les vieilles mettent sécher sur le pré, au sortir de l’eau. Au matin on allait les voir se démener, s’arrachant les poignées de chanvre, furieuses, dépeignées, les coiffes au vent, chacune prétendant qu’elle était volée par sa voisine.

D’autres fois, on démontait un chariot et on le remontait pièce à pièce sur la toiture d’un hangar, le timon en avant, perché comiquement dans le vide sur ses quatre roues, prêt à partir. Le propriétaire s’effarait, montait sur une échelle pour reprendre son bien, tandis qu’un rire secouait le village.

Il y avait aussi un vieux qui habitait une petite maison, au fond d’une ruelle écartée. On le prenait pour victime, parce qu’il se fâchait, et qu’il menaçait tout le monde d’une petite voix cassée, que la colère faisait vibrer drôlement : on eût dit un nasillement de polichinelle, sur la foire.

Sur les onze heures du soir, alors qu’il dormait d’un profond sommeil, on heurtait violemment les croisil-