Page:Moselly - Terres lorraines, 1907.djvu/115

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans la boutique, histoire d’aller en reconnaissance et de voir ma particulière. Ah ! si vous aviez entendu les hurlements qu’y poussaient, dans c’te baraque : on fermait les portes, on se sauvait, on poussait les verrous. Finalement y ne reste plus que le vieux, qui m’invite poliment à prendre le café…

Les jours se passent, pas de femme ! J’y pensais plus. V’là t’y pas qu’elle rapplique un soir, dans mon chantier, tout essoufflée d’avoir couru, comme une « évaltonnée ». Ses yeux flambaient comme braise. Alors moi je la prends par la taille, je l’embrasse, en veux-tu en voilà. Y avait un grand tas de copeaux dans un coin. Alors, nous l’avons fait cocu, ce vieux Turc.

Poloche riait d’un gros rire qui secouait tout son corps, et les autres faisaient comme lui.

Pour sûr, il n’avait pas son pareil, et quand il avait un verre dans le nez, il aurait fait rire un tas de cailloux, avec ses histoires.

Il fumait sa pipe enfin rallumée, à petits coups, sans mot dire, voyant se lever, tout au fond de ses souvenirs, la silhouette de la femme brune, dont il avait fait la conquête, dans un pays étrange.

La nuit était très noire. Le braisillement des étoiles palpitait vaguement dans l’étendue du ciel. Au bas de la côte, les toits s’entassaient dans un pêle-mêle confus, et la nuit roulait lourdement sur la pente, comme pour protéger le repos des pauvres gens, harassés par le labeur des jours.

On causa encore quelque temps, puis toute l’assistance se sépara.

Et il n’y eut plus, devant la maison endormie, que des souffles tièdes qui faisaient tournoyer des brins