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Poëte peut — je dis « peut » et non pas « doit » — rester l’heure de départ, du Poëme : car il y a une joie à voir le beau Rêve sortir du temps et le dépasser. Encore : un détail (fût-il historique) « piqué » dans la trame du Rêve, y produira parfois l’effet heureux d’une extraordinaire singularité et apparaîtra aussi comme un sourire de pitié du Poëte aux réclamations orgueilleuses des nations. Enfin, le Rêve s’échappant de lui-même peut atteindre aux apparences des réalités quotidiennes, pourvu qu’il garde le souvenir du chemin et ne tarde point à rentrer en soi.[1]

Préférablement, en des créations de pure fiction, analogues aux chimères des Mythologies et des contes de fées, le Poëte choisira de symboliser sa pensée.

Dans la présente espèce, pour symboliser cet essor de l’âme se libérant d’elle-même et de la société dans un grand essor de retour au type humain de native splendeur, les ailes d’un ange s’indiquaient et leur battement rhythmique dans l’indéfini vers l’infini.

Mais pour marquer l’exception de cet être,

encore fallait-il nécessairement le faire naître parmi

  1. Ai-je besoin de dire qu’on n’entend point par là défendre au poëte d’écrire une étude de psychologie ou quoi que ce soit que lui conseille sa fantaisie ? Non plus qu’un autre, l’auteur ne se l’interdirait. Il ne prétend d’ailleurs défendre ni conseiller rien du tout, et tout ceci n’est, encore une fois, que l’expression de croyances personnelles.