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de préciser le sens de ce mot quand c’est à propos d’un tel poète que nous le prononçons.

Tous les poètes ont reçu ce don d’enfance qui leur permet de voir sans cesse les choses pour la première fois, cette spontanéité de l’admiration ou du dégoût, de l’adoration ou de la haine, qui soudainement suscite en eux l’émerveillement ou la fureur du génie. Si ce don est très sensible chez Verlaine c’est qu’il est un très grand poète. Mais ce poète est aussi un très grand artiste — si ces deux mots peuvent être dissociés pour signifier, l’un, le confident et, l’autre, l’interprète de la nature, l’un, le songeur et, l’autre, le chanteur.

Chez lui, l’alliance de l’artiste et du poète est si étroite, si intime, que l’art s’efface, que le travail de la composition ne laisse point de stigmates dans l’œuvre, que sans cesse nous croyons entendre la vibration,