Page:More - L’Utopie, trad. Stouvenel, 1842.djvu/159

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tiers égaux. Au centre de chaque quartier, se trouve le marché des choses nécessaires à la vie. L’on y apporte les différents produits du travail de toutes les familles. Ces produits, déposés d’abord dans des entrepôts, sont ensuite classés dans des magasins suivant leur espèce.

« Chaque père de famille va chercher au marché ce dont il a besoin pour lui et les siens. Il emporte ce qu’il demande, sans qu’on exige de lui ni argent ni échange. On ne refuse jamais rien aux pères de famille. L’abondance étant extrême en toute chose, on ne craint pas que quelqu’un demande au-delà de son besoin. En effet, pourquoi celui qui a la certitude de ne manquer jamais de rien chercherait-il à posséder plus qu’il ne lui faut ? Ce qui rend les animaux en général cupides et rapaces, c’est la crainte des privations à venir. Chez l’homme en particulier, il existe une autre cause d’avarice, l’orgueil, qui le porte à surpasser ses égaux en opulence et à les éblouir par l’étalage d’un riche superflu.