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en ce sens que Dieu dit dans l’Ecriture qu’il est l’alpha & l’omega, le commencement & la fin.

A chez les Latins dans les jugemens signifioit absolvo : ce qui l’a fait appeller une lettre salutaire ou de grace, parcequ’on s’en servoit pour déclarer innocent celui qui étoit accusé. Dans les inscriptions ou médailles, A se met pour Augustus, œdes, œdilis, œdilitas, œre, œrarium, ager, albo, amicus, anima, anni, annis, anno, antiquo, argentum, aula, &c.

Dans les noms propres A est souvent mis pour Aulus.

On se sert de la lettre A chez les Grecs & les Latins dans la composition des mots. Les Grecs l’emploient sur-tout pour signifier une négation ou privation de ce que signifie ordinairement le terme à la tête duquel il est ajouté.

Sur les différentes significations de la lettre A, * consultez Isidore, etym. lib. 1. Pierius, hieroglyph. lib. 47. Ludolphus, hist. ethiop. Vossius. Sanctius. La méthode latine de Port Royal, au traité des Lettres.

A.D. dans les lettres que les anciens s’écrivoient, signifioit ante diem. Des copistes ignorans n’en sachant pas la signification, en ont fait ad. C’est ce qu’on voit dans plusieurs éditions des lettres de Ciceron, où on lit ad iv. Kal. ad vj. Id. ad üj. Non. &c. au lieu d’ante diern iv. &c. comme il faut lire, ainsi que Paul Manuce l’a remarqué. On trouve dans Valerius Probus A.D.P. pour dire ante diem, pridie.

AA


AA
tiré du mot grec Αα, est le confluent ou l’amas de diverses eaux : car c’est ainsi qu’on doit entendre la définition qu’en donne Hesychius. Σύςπμα ὖδατος. Ce nom est commun à beaucoup de ruisseaux & de rivieres.

AA, riviere de France, dont le nom latin est Agnio, & Euneno. Elle prend sa source dans le haut Boulonnois, au nord du village de Bourre. Elle arrose le bourg de Renty en Artois ; & au-dessous de Wime, elle se sépare en deux branches qui se rejoignent dans les fossés de Saint-Omer qu’elle traverse. Plus bas elle reçoit plusieurs ruisseaux, & inonde les marais où sont les isles flotantes. Ses divers rameaux se réunissent au-dessus de Wate, & elle se partage enfin en trois branches, dont la gauche communique au canal de Calais ; la droite que l’on appelle la Colme, se répand par plusieurs coupures dans les canaux de Bourbourg, de Mardyk, de Furnes, & de Dunkerque. La branche du milieu conserve son nom d’Aa, sépare la Flandre d’avec la Picardie, & va se jetter dans l’Océan un peu au-dessous de Gravelines, dans le lieu où les François furent défaits l’an 1558, après avoir repris Calais. * Strada, guerres des Pays-Bas, l. 1 . La Martiniere, diction, géograph. Apollinaris Sidonius appelle cette riviere Velicer : mais il est probable que c’est une faute d’impression qui s’est glissée, au lieu de Vel-Nicer, comme on le peut voir dans les éditions de Sirmond & de Colvius.

AA, nom de trois rivieres de Suisse.

La premiere a sa source au midi de la petite ville de Gruninghen, dans le Turgow qu’elle baigne. Grossie ensuite par un ruisseau qui descend du village de Nossicken, elle se jette dans la partie méridionale du lac de Griffen, nommé en la langue du pays Griffenzée.

La seconde, qui s’appelle aussi Alpha ou Alph, a sa source au pied du mont Brunnick, proche le village de Lungeren, dans le canton d’Underwald : après quoi elle forme trois petits lacs ; & se déchargeant de l’un dans l’autre, elle va enfin se perdre dans le lac de Lucerne. Elle y forme à son embouchure un petit golfe, à qui elle donne le nom d’Alp-ȥée, ou lac d’Alph.

La troisiéme, qui sort d’une montagne au nord-ouest de la ville de Lucerne, coule vers le septentrion, forme deux petits lacs, arrose la ville de Lentbourg, et se perd dans l’Aar, à deux lieues au-dessus de Bruck. * La Martiniere, diction, géograph.

AA est aussi le nom de plusieurs rivieres des Pays-Bas, dont la plupart joignent à leur nom d’Aa, celui d’un des lieux qu’elles baignent. Les plus considérables sont,

Steenwicker-Aa. Elle a sa source & son cours dans l’Ower-Yssel, passe près de Stéenwick, dont elle reçoit son nom, & se décharge dans le Zuyderzée à Blockzill, où elle prend le nom de Blockzill-Aa.

Hawelter-Aa, prend sa source dans le Comté de Drente : elle coule vers le sud-ouest, passe à deux lieues de Hawette qu’elle laisse au couchant, baigne la ville de Meppel, où elle est grossie d’une autre riviere : & un peu plus bas elle en reçoit une autre, dont elle va porter les eaux avec les siennes ; à Swarte-Sluys, où elle se joint au Vecht, qui tombe près de-là dans le Zuyderzée. * La Martiniere, diction, géograph.

AA, nom de cinq rivieres de la Westphalie.

La premiere passe à Munster, & se jette dans l’Ems, quelques lieues plus bas, vis-à-vis de Greven.

La seconde arrose la petite ville de Stéenfort, & deux lieues au-dessous confond ses eaux avec celle de Vecht.

La troisiéme, appellée Velicer-Aa, prend sa source près de Velen, dans l’évêché de Munster, coule à Bockholt ; & se perd dans l’Issel, au-dessous d’Anholt, bourg du comté de Zutphen dans les Pays-Bas.

La quatriéme naît dans le comté de Lippe, un peu au-dessus de Hom, sur les frontieres de l’évêché de Paderborn ; ensuite elle arrose Dethmold, & entre dans le Wehrn, près d’Hetford.

La cinquiéme, dans l’évêché de Munster, passe par la ville d’Aahus, & perd son nom dans le Regge.

AA, riviere de Livonie, est appellée par quelques-uns Tcyder-Aa. Elle passe par les villes de Adsel, de Wolmar & de Segewoldt, & se jette dans le golfe de Livonie, à douze mille pas de l’embouchure du fleuve Duna.

AA ou AAS, fontaine en Béarn dans la vallée d’Ossau. Elle est appellée dans le pays Fontaine des Arquebusades, à cause de la vertu de son eau, qu’on prérend être excellente pour la guérison des blessures faites par les armes à feu. * Davity, descript. de l’Europe.

AACH, petite ville de la Souabe en Allemagne dans le comté de Nellembourg, sous la domination de la maison d’Autriche. Elle est située sur une colline entre le Danube & le lac de Constance, à six mille pas de l’un & de l’autre.

AAD, petite riviere du Brabant Hollandois, qui après avoir passé à Helmont & à Bolduc, s’unit près de cette derniere ville à la Dommelle, avec laquelle elle forme la Dièse, qui se perd dans la Meuse à Crevecœur. * La Martiniere, dict. geogr.

AAGARD (Christian) auteur Danois, connu par quelques poësies latines, entre lesquelles il y en a une imprimée in-fol. qu’il publia aux funérailles de Christiern IV, roi de Danemarck, en 1648. Il l’intitula Threni hyperborei : les plaintes du Nord. Christian Aagard étoit de Wibourg. Il fut professeur en poësîe à Sora d’abord, & ensuite à Copenhague. Il fut enfin lecteur en théologie, & ministre à Ripen en Jutlande. Il est mort en 1664, âgé de 48 ans. Plusieurs de ses poësies ont été insérées au tome II des Deliciæ poëtarum Danarum. * Christiani Aagardi vita, in Rostgaardi tom. 1 Deliciar. poët. Danor. Bartholini bibliotheca septentrionis eruditi, p. 23, & 182.

AAGARD (Nicolas) frere du précédent, & aussi de Wibourg, florissoit en même temps que lui, & étoit professeur dans l’académie de Sora, en Danemarck, où il avoit aussi l’emploi de bibliothécaire, & où il mourut le 22 janvier 1657, âgé de 45 ans. Il