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Il y a, à l’horizon, une aube de renouveau. L’État et des associations font des commandes. Nos peintres, dont plusieurs sont prophètes en pays étrangers, sont consacrés par l’admiration mêlée au snobisme. Nos musiciens réunissent des auditoires. Et beaucoup plus nombreux qu’on ne croit sont ceux qui s’éveillent aux émotions de l’art et s’y complaisent.

Cette promesse s’accentuera lorsqu’on aura admis l’utilité de l’art. Pour entraîner certains esprits, il serait facile de montrer que l art est une richesse, une source dont plusieurs pays tirent d’abondants revenus. Mais l’art est mieux qu’un article de commerce.

L’art révèle, l’art atteste. Sur son art, on juge un pays. « Ils n’ont pas d’artistes » est un mot de mépris qui signifie : ils ne se sont pas dégagés de la matière ; ils ne se sont pas élevés au-dessus d’eux-mêmes ; ils sont rivés à leur tâche sans un regard vers le ciel, le dos courbé, la main raidie, le cerveau vide. C’est vers l art que la France tourne ses espoirs de reconstruction. « L’art chez nous tient une telle place, écrit en pleine guerre de 1914. M. André Michel, il a jeté sur le monde un tel