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si, durant votre vie, vous lui avez fait le don d’une idée bonne.

Je sais bien que le siècle est ailleurs et que notre civilisation est imprégnée d’arrivisme ; mais vous donnerez tort à notre temps en demeurant des intellectuels, malgré le dédain que l’on attache aujourd’hui à ce mot, quand il implique curiosité de l’esprit, spéculation, pensée. Et vous aurez ainsi contribué à fonder en vérité et en raison cet orgueil national que l’on nous reproche, comme s’il ne nous venait pas de notre race et du sang qui court dans nos artères.

Enfin, vous aurez une fierté de plus : celle du cœur. Soyez satisfaits d’être des hommes qui souffrent, que la vie émeut, que la douleur atteint. Ayez le rire large et franc, mais n’ayez pas peur d’une larme, ne vous refusez pas un beau geste, ne réprimez pas les sentiments élevés vers lesquels les battements du cœur, en se faisant plus rapides, semblent se hâter. La plus belle part de la jeunesse, et son plus grand tort aux yeux de certaines gens, ce sont ses illusions, et si parfois on lui conseille de les perdre, il arrive qu’on lui reproche de les conserver.