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vont bien ensemble : tous les poètes sont des aviateurs. M. Barthou savait aussi dire les vers. C’est un charme de plus, et une qualité qui s’en va. Il récita d’une manière exquise le sonnet de Rostand sur le Vatican.

En terminant, le conférencier fît un récit émouvant de la chute de l’aviateur ; sa voix devint sourde et contenue ; il prononça très bas : « Il est mort, pour la patrie ! » L’auditoire, remué, resta un moment silencieux : puis l’aventure de l’Aéro-Club se renouvela : les applaudissements éclatèrent, formidables !

On m’avait confié de dire adieu à la mission au nom de la population de Montréal. Je devais cet honneur au président du Comité France-Amérique, au sénateur Raoul Dandurand, qui me manifesta toujours une vive, une paternelle sympathie. J’étais jeune et plein d’illusions : mais je redoutais la tâche que l’on m’imposait : parler devant cette élite de la pensée française, succéder à un orateur tel que Barthou, c’était une lutte inégale où je serais sacrifié.