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PREMIÈRES ARMES

temps pour assimiler un sujet et le convertir « en sang et en nourriture ». Je m’aidais de mes notes de cours de Paris que j’adaptais au Canada, surtout au Canada français ; c’était déjà quelque chose et de peu commode. À la théorie que j’établissais, je joignais des considérations personnelles qui, peu à peu, prenaient corps.

Je ne regrette pas cette période de ma vie à laquelle je dois beaucoup. Professeur, je redevenais étudiant. Je revoyais ce que j’avais acquis au cours de mes études, ce qui est appréciable. Enseigner, ce n’est pas préparer des examens. L’examen se borne à lui-même : l’élève y aperçoit une limite qui marque le repos final de l’esprit : c’est un exercice cloisonné.

L’enseignement est autre chose. On y réussit à condition d’avoir dans la tête beaucoup plus qu’on ne dit, de reprendre une matière confinée dans des notes presque inertes et, par un souffle nouveau, de lui redonner la vie et surtout de la plier aux exigences du milieu où désormais elle s’épanouira. L’économiste ou le juriste qui devient professeur retrouve les éléments de sa formation mais il les enri-