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SOUVENIRS

figurait en première place dans les journaux que l’on nous avait offerts aux gares de quelque importance, entre New-York et Chicago. Les événements y répondaient. L’effort américain était d’une étonnante unité. Le peuple marchait et peu importe que ce fût pour la France ou avec l’espoir de terminer la guerre à lui seul, d’un grand coup : il marchait. L’éclatant progrès économique des États-Unis n’eût pas, sans doute, assuré cette union. Au contraire, les intérêts divers eussent suscité des raisons d’abstention, sinon des ferments de discorde. Il a fallu, à cette épreuve, apporter une pensée commune. L’école l’avait élaborée.

Si sérieuse qu’eût été l’organisation scolaire des États-Unis, elle avait eu ses lacunes. On avait dissocié l’éducation et l’instruction. L’éducation, qui a pour objet premier d’élever l’enfant, de lui donner la volonté et la force de faire le bien, avait été abandonnée à la famille qui, souvent, ne pouvait pas appliquer des principes qu’elle n’avait pas reçus. L’école américaine y remédia en développant chez l’enfant l’initiative, le sens social, le sentiment de l’honneur, la discipline, en lui fai-