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JOSEPH BARIL

bleus où se réfléchit la lune ! Au firmament, les étoiles scintillent… Les ombres sont silencieuses : elles s’aiment. Émues, elles écoutent chanter, en leur âme, le poème divin de leur amour.

« Dans l’air pur, aromatisé par les hauts sapins, on entend parfois des bruissements d’ailes. Les ombres tressaillent d’ardeur, et dans une étreinte folle, d’une voix passionnée, l’une d’elles — tel Roméo dans les bras de Juliette — module doulcement :

Boum, à la Ka Boum
À la Ka Wô Wô Wô
Ching, à la Ka Ching
À la Ka Châ Châ Châ ! »

Que de choses je citerais où la verve joyeuse de Joseph Baril se donnait ainsi cours, depuis ses courriers sur les séances homériques du Parlement-modèle traversées par la voix traînarde du petit vendeur de chocolats, peanuts, caramels, et terminées sur la version grecque péniblement élaborée dans un coin par un tout jeune député-modèle qui préparait l’avenir de son pays en même temps que son baccalauréat ; jusqu’à ces impayables « Histoires de Chasse et de Pêche », morceaux remplis de traits, un