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Le 11 novembre 1918, j’étais allé subir un traitement chez le docteur Damien Masson à qui, déjà, je devais tant. Il avait son cabinet rue Sainte-Catherine dans un immeuble dont la façade de pierre attenant au long mur de brique de l’Institut Nazareth. En sortant de chez lui, la rue m’apparut pleine d’une foule agitée dont s’élevait un immense cri de délivrance que les cloches de la ville portaient au ciel.

Mais, ce n’était pas tout à fait la fin. La guerre, nous le savons, ne s’achève pas sur une exaltation, si vibrante qu’elle soit. Elle laisse des blessures à panser, des initiatives à poursuivre ; elle impose à l’humanité meurtrie un troublant effort de relevailles.

Peu de jours après l’armistice, j’exposais devant les Chevaliers de Colomb l’œuvre de la Croix-Rouge. L’auditoire était restreint : mais, disaient les journaux de l’époque. « la qualité suppléait au nombre ».

J’expliquai que la Croix-Rouge ne se repose pas dans la paix : quelle la dépasse, continuant, les morts ensevelis, à se porter vers les blessés, les prisonniers, les disparus, pla-