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mes devant un maître, ces frénésies de gloire et d’immolation qui jettent tout un peuple aux frontières.

« Voilà pourquoi on n’arrivera jamais à tuer tout à fait la passion de la guerre. Au fond de cet amour barbare gît un grand sentiment, l’ambition de s’élever, au-dessus d’une vie médiocre et terre à terre, vers le ciel des héros, le désir de battre des ailes, au moins une heure… On n’a pas tous les jours l’occasion d’être héroïque ; surtout on n’en a pas tous les jours le courage, dans l’atmosphère triste et grise de l’existence quotidienne. Mais on espère y être aidé par la guerre et sa mise en scène incomparable, par l’odeur de la poudre et la fanfare du canon, par l’exemple, par la présence du drapeau, et par la grande idée de Patrie qui plane au-dessus de tout cela.

« Une guerre sainte, c’est un peuple qui marche au martyre en chantant. Avilir la guerre, pourquoi ? Pourquoi ne pas l’ennoblir au contraire, lui restituer toute sa valeur morale, presque mystique, et la faire si grande qu’elle ne puisse s’abaisser à servir une mauvaise cause ou seulement une cause vulgaire ? Oui, cent fois oui, une guerre juste est seule digne d’inspirer d’héroïques folies. Exalter à l’infini la notion de justice, lui soumettre les relations internationales, la dresser au-dessus des intérêts, humilier même devant elle la vanité des