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Pipeaux (1889), n’est pas sans charme mignard, ni sans grâce familière. Ce talent n’a pas mûri, et Mme Rostand n’a plus rien publié que de médiocres pièces, en collaboration avec l’un de ses fils.


Poétesses et Romancières

Mlle Vacaresco, qui appartient à une des plus vieilles et plus nobles familles de Roumanie, fut demoiselle d’honneur de la reine Elizabeth (Carmen Sylva). L’adolescente, dont l’Académie venait de couronner le premier recueil, vit briser par la « raison d’État » un rêve d’amour royal, qui n’a cessé d’alimenter son lyrisme. Romantique d’inspiration, la poésie de Mlle Vacaresco a la pureté mais non pas la raideur du Parnasse, (L’Ame sereine, 1896) et une sorte de maîtrise morale corrige en elle la violence orientale. Elle doit beaucoup au folklore de son pays, (Nuits d’Orient, 1907), dont elle a gardé une note de noblesse familière. Elle nous a donné aussi deux romans où elle étudie les mœurs paysannes roumaines, particulièrement dans Le Sortilège.

Marie Krysinska, dans ses Rythmes pittoresques (1890, Vanier), inaugura le vers libre. Son nom restera peut-être à cause de sa tentative poétique. Elle est morte en 1908, après avoir publié : Joies Errantes et Intermèdes.

Mme Tola-Dorian (née princesse Mestchersky) débuta en 1888 chez Lemerre. Ses vers, surtout parnassiens, et qui eurent du succès, ennuient aujourd’hui.

Mme Daniel-Lesueur (Jeanne Loiseau), née à Paris en 1864, est morte en 1920. Poète dans Fleurs d’Avril et Rêves et Visions, (1885) elle exalte tantôt la grandeur du passé de l’humanité, tantôt elle chante des visions attiques ou des thèmes philosophiques. L’inspiration lyrique de Mme Lesueur n’a pas survécu à sa jeunesse. Après une vingtaine de romans d’analyses, devançant le goût du public pour le roman d’aventures, elle s’est lancée résolument dans le feuilleton (Le Marquis de Valcors, Madame l’Ambassadrice). En 1908, elle s’essaie, avec Nietzschéenne, au roman de caractère. Elle a écrit aussi pour le théâtre[1].

Mme Gyp, comtesse de Mirabeau-Martel, est aussi un auteur populaire,

  1. Fiancée, à l’Odéon en 1894 ; Hors du Mariage, aux Français en 1899 ; le Masque d’Amour, chez Sarah Bernhardt en 1905.