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Liv. XXII. Chap. XIII.

duits au désespoir par leurs libéralités mêmes, se virent obligés d’altérer les monnoies ; voie indirecte qui diminuoit le mal, & sembloit ne le pas toucher : on retiroit une partie du don, & on cachoit la main ; & sans parler de diminution de la paye ou des largesses, elles se trouvoient diminuées.

On voit encore dans les cabinets[1] des médailles qu’on appelle fourrées, qui n’ont qu’une lame d’argent qui couvre le cuivre. Il est parlé de cette monnoie dans un fragment du Livre 77 de Dion[2].

Didius Julien commença l’affoiblissement. On trouve que la monnoie[3] de Caracalla avoit plus de la moitié d’alliage, celle d’Alexandre Sévere[4] les deux tiers : l’affoiblissement continua ; & sous Gallien[5], on ne voyoit plus que du cuivre argenté.

On sent que ces opérations violentes ne sauroient avoir lieu dans ces temps-

  1. Voyez la science des médailles du P. Joubert, édition de Paris, 1730, pag. 59.
  2. Extrait des vertus & des vices.
  3. Voyez Savotte, part. 2. chap. xii ; & le Journal des Savans du 28 Juillzr 1681, sur une découverte de 50000 médailles.
  4. Voyez Savotte, ibid.
  5. Idem, ibid