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Liv. XXVIII. Chap. XIX.

toute en procédés ; tout fut gouverné par le point-d’honneur. Si l’on n’avoit pas obéi au juge, il poursuivoit son offense. À Bourges[1], si le prévôt avoit mandé quelqu’un, & qu’il ne fût pas venu : « Je t’ai envoyé chercher, disoit-il, tu as dédaigné de venir ; fais-moi raison de ce mépris » ; & l’on combattoit. Louis le gros réforma[2] cette coutume.

Le combat judiciaire étoit en usage[3] à Orléans dans toutes demandes de dettes. Louis le jeune déclara que cette coutume n’auroit lieu que lorsque la demande excéderoit cinq sols. Cette ordonnance étoit une loi locale ; car du temps de Saint Louis[4], il suffisoit que la valeur fût de plus de douze deniers. Beaumanoir[5] avoit oui dire à un seigneur de loi, qu’il y avoit autrefois en France cette mauvaise coutume, qu’on pouvoit louer pendant un certain temps un champion pour combattre dans ses

  1. Chartre de Louis le gros, de l’an 1145, dans le recueil des ordonnances.
  2. Ibid.
  3. Chartre de Louis le jeune, de l’an 1168, dans le recueil des ordonnances.
  4. Voyez Beaumanoir, ch. lxiii, page 325.
  5. Voyez la coutume de Beauvoisis, ch. xxviii, page 203.