Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 3.djvu/340

Cette page a été validée par deux contributeurs.
310
De l’esprit des Lois,

C’est la loi des Lombards qui nous fournit cette preuve. « Il s’étoit introduit depuis long temps une détestable coutume (est-il dit dans le préambule de la constitution[1] d’Othon II) ; c’est que si la charte de quelque héritage étoit attaqué de faux, celui qui la présentoit faisoit serment sur les évangiles qu’elle étoit vraie ; & sans aucun jugement préalable, il se rendoit propriétaire de l’héritage : ainsi les parjures étoient sûrs d’acquérir ». Lorsque l’empereur Othon I. se fit couronner à Rome[2], le pape Jean XII. tenant un concile, tous les seigneurs[3] d’Italie s’écrierent qu’il falloit que l’empereur fît une loi pour corriger cet indigne abus. Le pape & l’empereur jugerent qu’il falloit renvoyer l’affaire au concile qui devoit se tenir peu de temps[4] après à Ravenne. Là les seigneurs firent les mêmes demandes, & redoublerent leurs cris ; mais sous prétexte de l’absence de quelques personnes, on ren-

  1. Loi des Lombards, liv. II, tit. 55, ch. xxxiv.
  2. L’an 962.
  3. Ab Italiæ proceribus est proclamatum, ut imperator, sanctus mutatâ lege, facinus indignum destrueret. Loi des Lombards, liv. II, tit. 55, ch. xxxiv.
  4. Il fut tenu en l’an 967, en présence du pape Jean XIII. & de l’empereur Othon I.