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De l’esprit des Lois,

L’Égypte, du temps des Perses, ne confrontoit point à la mer rouge : elle ne contenoit[1] que cette lisiere de terre longue & étroite que le Nil couvre par ses inondations, & qui est resserrée des deux côtés par des chaînes de montagnes. Il fallut donc découvrir la mer rouge une seconde fois, & l’océan une seconde fois ; & cette découverte appartint à la curiosité des rois Grecs.

On remonta le Nil, on fit la chasse des éléphans dans les pays qui sont entre le Nil & la mer ; on découvrit les bords de cette mer par les terres : Et comme cette découverte se fit sous les Grecs, les noms en sont Grecs, & les temples sont consacrés[2] à des divinités Grecques.

Les Grecs d’Égypte purent faire un commerce très-étendu ; ils étoient maîtres des ports de la mer rouge ; Tyr, rivale de toute nation commerçante, n’étoit plus : ils n’étoient point gênés par les anciennes[3] superstitions du pays ; l’Égypte étoit devenue le centre de l’univers.

  1. Strabon, liv. XVI.
  2. Ibid.
  3. Elles leur donnoient de l’horreur pour les étrangers.