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Liv. XVI. Chap. X.

sordre. C’est là que la nature a une force, & la pudeur une foiblesse qu’on ne peut comprendre. À Patane[1], la lubricité[2] des femmes est si grande, que les hommes sont contraints de se faire de certaines garnitures pour se mettre à l’abri de leurs entreprises. Selon M. Smith[3], les choses ne vont pas mieux dans les petits royaumes de Guinée. Il semble que dans ces pays-là, les deux sexes perdent jusqu’à leurs propres lois.

  1. Recueil des voyages qui ont servi à l’établissement de la compagnie des Indes, tom. II, partie II, pag. 196.
  2. Aux Maldives, les peres marient leurs filles à dix & onze ans, parce que c’est un grand péché, disent-ils, de leur laisser endurer nécessité d’hommes. Voyages de François Pyrard, chap. xii. À Bantam, si-tôt qu’une fille à treize ou quatorze ans, il faut la marier, si l’on ne veut qu’elle mene une vie débordée. Recueil des voyages qui ont servi à l’établissement de la compagnie des Indes, pag. 348.
  3. Voyage de Guinée, seconde partie, pag. 192, de la traduction. « Quand les femmes, dit-il, rencontrent un homme, elles le saisissent, & le menacent de le dénoncer à leur mari, s’il les méprise, Elles se glissent dans le lit d’un homme, elles le réveillent ; & s’il les refuse, elle le menacent de se laisser prendre sur le fait. »