Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 1.djvu/588

Cette page a été validée par deux contributeurs.
414
De l’esprit des Lois,

Rapportent à ces lois qu’on faisoit à Rome contre des citoyens particuliers, & qu’on appelloit privileges[1]. Elles ne se faisoient que dans les grands états du peuple. Mais de quelque maniere que le peuple les donne, Cicéron veut qu’on les abolisse, parce que la force de la loi ne consiste qu’en ce qu’elle statue sur tout le monde[2]. J’avoue pourtant que l’usage des peuples les plus libres qui ayent jamais été sur la terre, me fait croire qu’il y a des cas où il faut mettre pour un moment un voile sur la liberté, comme l’on cache les statues des dieux.




CHAPITRE XX.

Des lois favorables à la liberté du citoyen dans la république.


Il arrive souvent dans les états populaires, que les accusations sont publiques, & qu’il est permis à tout homme d’accuser qui il veut. Cela a fait établir des lois propres à défendre

  1. De privis hominibus latæ. Cicéron, de leg. liv. III.
  2. Scitum est jussum in omnes. Cicéron, ibid.