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De l’esprit des Lois,

vernement. « Ce furent les Lacédémoniens & les Crétois, dit Platon[1], qui ouvrirent ces académies fameuses, qui leur firent tenir dans le monde un rang si distingué. La pudeur s’alarma d’abord ; mais elle céda à l’utilité publique ». Du temps de Platon, ces institutions étoient admirables[2] ; elles se rapportoient à un grand objet, qui étoit l’art militaire. Mais lorsque les Grecs n’eurent plus de vertu, elles détruisirent l’art militaire même ; on ne descendit plus sur l’arene pour se former, mais pour se corrompre[3].

Plutarque nous dit[4] que de son temps les Romains pensoient que ces jeux avoient été la principale cause de

  1. Républ. Liv. V.
  2. La gymnastique se divisoit en deux parties, la danse & la lutte. On voyoit en Crete les danses armées de Curettes, à Lacédémone celles de Castor & de Pollux ; à Athenes, les danses armées de Pallas, très-propres pour ceux qui ne sont pas encore en âge d’aller à la guerre. La lutte est l’image de la guerre, dit Platin, des lois, liv. VII. Il loue l’antiquité de n’avoir établi que deux danses, la pacifique & la Pyrrhique. Voyez comment cette derniere danse s’appliquoit à l’art militaire. Platon, ibid.
  3. Aut libidinosœ
    Ledœas Lacedœmonis palœstras

    Martial, lib. IV. epig. 55.
  4. Œuvres morales, au Traité des demandes des choses Romaines.